Les autorités saoudiennes ont procédé samedi 04 novembre 2017 à une spectaculaire vague d'arrestations touchant les plus hauts cercles du pouvoirs et de la famille royale, renforçant ce faisant le pouvoir du prince héritier Mohamed ben Salman. Le roi Salman d'Arabie a aussi annoncé la création d'un comité anti-corruption, dont il a confié la présidence au prince héritier. Onze princes, plusieurs dizaines d'anciens membres du gouvernement et quatre ministres en exercice ont été arrêtés à la demande de ce nouvel organe de lutte contre la corruption, rapporte samedi la chaîne Al Arabiya sans les identifier. Dans le cadre du remaniement effectué par le roi Salman, le prince Miteb ben Abdallah est relevé de ses fonctions de ministre de la Garde nationale et remplacé par Khaled ben Ayyaf, tandis qu'Adel Fakieh, ministre de l'Economie, est remplacé par son adjoint, Mohammed al Touaïdjri, comme l'annonce un décret royal transmis par la télévision publique. Le prince Miteb ben Abdallah, fils préféré du défunt roi Abdallah, a été considéré un temps comme un possible prétendant au trône avant l'ascension inattendue du prince Mohamed ben Salman il y a deux ans. Le prince Miteb ben Abdallah avait hérité du contrôle de la Garde nationale, les services d'élite de la sécurité intérieure, que son père avait dirigée pendant cinq décennies. Le prince Miteb ben Abdallah était le dernier représentant de la branche Abdallah au sein de la famille royale à occuper des fonctions haut placées au sein du pouvoir saoudien. Parmi les autres personnalités arrêtées figure le prince Alwalid ben Talal, homme d'affaires richissime et principal actionnaire de la société d'investissement Kingdom Holding. On retrouve également dans cette liste l'ancien ministre des Finances Ibrahim al Assaf. Ces changements consolident de fait la mainmise du prince Mohamed sur les différentes forces de sécurité du royaume, qui ont été longtemps partagées entre les différentes lignées de la famille souveraine. Le prince Mohamed ben Salman, âgé de 32 ans, occupe déjà les fonctions de ministre de la Défense. Il a été nommé héritier du trône au mois de juin 2017, lors d'un remaniement qui a mis sur la touche son cousin le prince Mohamed ben Nayef, qui fut ministre de l'Intérieur. Le prince Mohamed ben Salman dirige à la fois la guerre menée par l'Arabie saoudite au Yémen et la politique énergétique du royaume avec pour objectif de préparer l'après-pétrole. Celui qui s'est engagé à traquer la corruption dans les plus hautes sphères du pouvoir dirigera désormais un organe qui a toute latitude pour mener des enquêtes, émettre des mandats d'arrêt ou des interdictions de voyage, et pour geler des actifs. Pour sa part, Mohammed al Touaïdjri, nouveau ministre de l'Economie, a été pilote dans l'armée de l'air saoudienne puis a occupé le poste de directeur général des opérations au Moyen-Orient de la banque HSBC. Il a à ce titre organisé la privatisation des biens de l'Etat d'une valeur de 200 milliards de dollars. Son prédécesseur Adel Fakieh avait été confronté à une contestation féroce du monde des affaires lorsque, en tant que ministre du Travail, il avait mis en place des quotas pour les salariés étrangers afin de favoriser l'embauche de Saoudiens.