En visite à Madagascar depuis plus d'une semaine, Mohammed VI a exprimé une nouvelle fois son « attachement » au continent africain. « Le Maroc et l'Afrique ne font qu'un. Les séparer serait un déracinement, une erreur », a-t-il déclaré, dans un entretien à la presse malgache, rapporte l'agence officielle marocaine MAP. Dans cet entretien, Mohamed VI s'est dit également porter « une fierté toujours plus forte d'être Africain », taclant indirectement l'Algérie. « La présence marocaine en Afrique et particulièrement la tournée que j'effectue en ce moment déplaisent à certains », a-t-il pointé. Par la même occasion, le roi du Maroc n'a pas manqué de louer l'action de son pays envers les Etats africains. Une action qui vise à « instaurer une coopération Sud-Sud forte et solidaire entre de nombreux pays du continent africain », selon lui. « Chaque visite en Afrique est pour moi l'occasion de renouer avec les populations africaines que j'admire et respecte. Elles m'enseignent la vraie richesse, celle du cœur », a-t-il soutenu. « Au cours de mes visites en Afrique ou à travers les projets que J'y initie. Il ne s'agit nullement de donner des leçons. Je propose plutôt que nous partagions nos expériences », a-t-il ajouté. Une action préméditée Mohamed VI répond ainsi indirectement au ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel qui a mis en avant les aides apportées par l'Algérie au continent africain lors du sommet afro-arabe, qui s'est tenu du 23 au 24 novembre en Guinée Equatoriale. Un sommet dont le Maroc a décidé de quitter, avec neuf pays arabes dont l'Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis, les travaux, en signe de protestation contre la présence d'une délégation de la « République arabe sahraouie démocratique » (Rasd). À travers cette décision, le Maroc, qui veut devenir membre de l'Union africaine, vise plus loin. Il n'a fait que dévoiler ses véritables velléités, à savoir l'éviction de la Rasd de cette instance panafricaine. D'ailleurs, lors de l'introduction de sa demande d'adhésion au mois de juillet, Rabat avait conditionné ce retour par l'exclusion de la Rasd de l'UA. Une manœuvre, qui n'a pas abouti, à laquelle s'est opposée farouchement l'Algérie. La « dangereuse » stratégie de la diplomatie économique En revanche, le Maroc joue la carte de la diplomatie économique pour rallier un maximum de pays africains à sa position. Mohamed VI lui-même l'a affiché lors de son entretien avec la presse malgache. « Chacun reconnaît que nous n'avons pas attendu l'annonce du retour du Maroc à l'UA pour œuvrer et investir en Afrique », a-t-il claironné avant d'ajouter : « Tous les pays, amis de longue date ou amis nouveaux, notamment en Afrique de l'Est, sont unanimes à soutenir la réintégration du Maroc à l'UA ». En effet, lors de sa tournée africaine, plusieurs accords de coopération et d'investissement ont été signés. Dernier mégaprojet en date : la réalisation d'une plateforme pour la production d'engrais en Ethiopie par l'Office chérifien des phosphates (OCP) d'un montant de 3,7 milliards de dollars, selon la presse marocaine. Ainsi, Rabat opte pour une stratégie d'influence politique basée sur le déploiement de ses entreprises à l'échelle continentale. Pour ce faire, le royaume peut compter sur ses entreprises, notamment dans les télécoms et le secteur bancaire. Selon le Monde, le Maroc est devenu aujourd'hui le premier investisseur en Afrique de l'ouest et le deuxième sur le plan continental. Une position que l'Algérie a décidé d'attaquer, en organisant le Forum africain d'investissements et d'affaires début décembre à Alger.