Un collectif d'organisations réunissant des associations, des intellectuels et des figures de la société civile, presse le gouvernement français d'achever la restitution des crânes de résistants algériens conservés au Musée de l'Homme à Paris. Plus d'un siècle et demi après leur transfert en métropole, ces vestiges demeurent l'un des symboles du contentieux mémoriel toujours irrésolu entre Alger et Paris. Les instigateurs de cette demande, parmi lesquels Zohour Boutaleb El Djazaïri, descendante de l'émir Abdelkader, enrôlée par le régime algérien pour cette fin, ainsi que plusieurs institutions, telles que l'Association française de soutien aux victimes des essais nucléaires, soulignent qu'il ne s'agit pas de rouvrir des débats historiques mais de rendre aux dépouilles une sépulture digne, conforme au respect dû aux morts. La pétition, adressée à l'exécutif français, exhorte le président Emmanuel Macron à poursuivre le processus amorcé le 3 juillet 2020 avec la restitution des restes de 24 résistants algériens, alors que quelque 500 crânes sont encore entreposés dans les réserves du musée. Les signataires appellent également la France à lever le secret sur l'identité des défunts et à permettre la consultation des archives permettant d'établir la filiation des victimes, afin que leurs descendants puissent leur offrir une sépulture conforme aux rites funéraires. La revendication s'étend au-delà de la restitution des crânes : les pétitionnaires exigent également la restitution des biens culturels saisis durant la période coloniale et transférés en métropole au titre de «prises de guerre.» La présence de ces restes humains dans les collections du Musée de l'Homme n'a été révélée qu'en 2011, à la faveur des recherches d'un historien. Ce dernier avait alors mis au jour l'existence de crânes appartenant à des résistants décapités par les troupes coloniales françaises au XIXe siècle et transférés à Paris comme trophées de guerre. À la suite des premières revendications algériennes, ces vestiges avaient été retirés de l'exposition publique et relégués dans les réserves du musée. Ce dossier, qui figure parmi les points de crispation majeurs entre Paris et Alger, s'inscrit dans un contentieux plus large portant sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie. L'Algérie a, plusieurs fois, dénoncé cette situation, jugeant «inconcevable qu'un pays se réclamant des droits de l'homme conserve des crânes humains dans un musée.» La pétition évoque aussi (comme le régime), les essais nucléaires menés par Paris dans le désert algérien entre 1960 et 1966. Les organisations signataires exhortent ainsi les autorités françaises à déclassifier l'ensemble des archives relatives à ces expérimentations, notamment les cartes précises des zones contaminées et des sites d'enfouissement des déchets radioactifs. Elles alertent sur les effets persistants de ces essais sur la santé des populations locales et sur la nécessité d'une reconnaissance pleine et entière des responsabilités historiques de la France.