Une équipe internationale de chercheurs a mis au jour, dans la grotte des Pigeons à Taforalt (Maroc oriental), des preuves de la plus ancienne utilisation médicinale des plantes, remontant à 15 000 ans, annonce lundi l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP), sous tutelle du ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication. Cette découverte, publiée dans la revue scientifique Nature, révèle que les restes de la plante Ephedra, aux vertus hémostatiques et analgésiques, étaient utilisés lors de rituels d'inhumation. Les fruits calcinés d'Ephedra, découverts dans des niveaux archéologiques de la grotte, témoignent d'une connaissance poussée des propriétés des plantes par les groupes humains de l'âge de pierre. Ces derniers pratiquaient également des interventions chirurgicales primitives, dont une trépanation – la plus ancienne connue à ce jour – sur un crâne humain, avec signes de cicatrisation, suggérant la survie du patient. Il est probable que les propriétés médicinales d'Ephedra aient contribué au rétablissement des individus traités. La collaboration, dirigée par Abdeljalil Bouzouggar, directeur de l'INSAP, associe divers chercheurs de renommée mondiale, dont Louise Humphrey (Natural History Museum, Londres), Nicholas Barton (Université d'Oxford), Jacob Morales (Université de Las Palmas) et Hassan Talbi (Université Mohammed 1er d'Oujda). Les travaux bénéficient également de l'appui de doctorants et de scientifiques de l'Institut Max Planck (Allemagne) et du Centre des Recherches Archéologiques de Monrepos. Alors que des traces d'Ephedra avaient déjà été relevées dans un contexte néandertalien, datant de 40 000 ans, la présence de fruits carbonisés retrouvés à Taforalt constitue la plus ancienne preuve directe d'une utilisation médicinale par l'Homme, précédant de 8 000 ans l'avènement du Néolithique. Ces recherches s'inscrivent dans un vaste programme de coopération scientifique réunissant l'INSAP, l'Université Mohammed 1er, l'université d'Oxford et le Natural History Museum de Londres.