Sous le mandat d'Aziz Akhannouch, des institutions marocaines vitales sont réduites au silence et des commissions constitutionnelles clés restent paralysées. En trois ans à la tête du gouvernement, Akhannouch a ignoré des instances cruciales pour la transparence et la réforme éducative, tout en défiant les prévisions des organes économiques majeurs, plongeant ainsi le pays dans une crise institutionnelle inédite. Une fois les panégyriques adulateurs, issus essentiellement de son parti, le RNI, se taisent, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch adopte «une attitude de mépris manifeste envers certaines institutions constitutionnelles au Maroc, ce qui a contribué à un climat d'inertie politique», accuse l'opposition dans un de ses communiqués. Le temps est passé sans doute où le chef de la majorité faisait cause commune avec les acteurs politiques et sociaux ; ses liens sont rompus ou du moins fort relâchés avec plusieurs grands établissements souverains. Des commissions clés n'ont pas tenu de réunion durant son mi-mandat, et ses sorties médiatiques envers des institutions de prévisions économiques et statistiques accentuent la fracture entre son gouvernement et ces entités, pourtant fondamentales dans l'élaboration des politiques publiques. Ces dernières semaines, un seul leitmotiv revient sans cesse : «Aziz Akhannouch est à la tête d'un exécutif accusé d'entraver le bon fonctionnement plusieurs instances constitutionnelles et de négliger des commissions essentielles pour le bon fonctionnement de l'Etat.» L'une des plus frappantes démonstrations de ce mépris est le fait que la Commission nationale pour la transparence, la prévention de la corruption n'a pas tenu une seule réunion depuis sa nomination à la tête du gouvernement en octobre 2021. Cette commission, pourtant cruciale pour renforcer la bonne gouvernance au Maroc, reste inactive, envoyant un message inquiétant sur l'engagement de son cabinet dans la lutte contre la corruption, un sujet sensible. "Senior" Akhannouch semble également avoir volontairement ignoré la Commission nationale pour le suivi et l'accompagnement de la réforme du système de l'éducation, une instance cruciale pour piloter les réformes nécessaires dans le domaine éducatif. Aucune réunion n'a été tenue depuis trois ans, et ce malgré les défis urgents auxquels le secteur de l'éducation est confronté au Maroc. De plus, Akhannouch a rompu de manière délibérée le dialogue avec le syndicat de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Les relations entre son gouvernement et cette centrale, essentielle pour les entrepreneurs marocains sont au point mort. Selon plusieurs sources, il semble avoir «saboté» toute tentative de mise en place d'une «instance de travail conjoint» avec cette institution, au détriment des relations entre l'Etat et le secteur privé. Ces derniers mois, Aziz Akhannouch n'a épargné personne. Il a vivement remis en cause plusieurs rapports du Haut-Commissariat au Plan (HCP), notamment en ce qui concerne la planification économique du Maroc, les chiffres du chômage et l'inflation, contestant la validité de ses données. Il a aussi engagé un bras de fer avec la Banque centrale marocaine, après avoir jeté le doute sur ses indicateurs économiques pourtant largement respectés par les analystes marocains et internationaux. Le bilan d'Akhannouch est désapprouvé tant sur le plan institutionnel que sur le plan économique et social. Tout d'abord, son incapacité à mobiliser les commissions constitutionnelles montre une abrogation des engagements politiques pris en matière de gouvernance, de transparence et de lutte contre la corruption. L'absence de réunions des commissions anti-corruption et de suivi de la réforme du système éducatif démontre un manque de volonté pour relever les défis auxquels le Maroc fait face. Sur le plan économique, ses relations tendues avec des institutions comme le HCP et la Banque centrale créent un climat d'incertitude et fragilisent la confiance des investisseurs. Les attaques répétées d'Akhannouch sont interprétées par ses opposants politiques comme une tentative de dissimuler les lacunes de son gouvernement en matière de gestion économique, alors que le pays connaît des difficultés à maîtriser l'inflation et à stimuler une croissance durable. D'ailleurs, même au sein du gouvernement, plusieurs cadres ont reconnu l'inutilité, pour ne pas dire le danger, de quereller sans cesse des organes souverains que l'on veut convertir à la doctrine de la majorité. Aziz Akhannouch doit naturellement rabaisser l'orgueil de ses prévisions et contester la satisfaction qu'il montre de ses prétendus succès. Devin déçu, Akhannouch trouve que c'étaient les choses qui avaient tort, et prompt à accuser les autres d'illusions pour pallier ses propres défaillances, il ne porte plus qu'un regard hostile ou inquiet sur tout ce qui s'est pensé de vrai à l'égard de son action politique, parce qu'ils condamne tout ce qui s'est fait sans lui.