Il s'appelle Maâti Monjib, et il est historien, enfin il se dit historien car enseigner l'histoire ne fait pas nécessairement de vous un historien. Un historien est supposé être neutre et objectif, mais quand on est militant, c'est-à-dire chroniqueur du présent, et aussi militant et activiste politique, c'est bien, mais ça met une distance entre vous et l'Histoire, la vraie, telle qu'elle est enseignée par les historiens, les vrais. Ainsi donc pense "Dbibina" de Maâti Monjib, cet homme qui a décidé de faire de la politique, de la politique d'opposition. C'est bien, mais il n'est pas le seul. Il est cependant l'un des très rares à crier à la persécution policière car, explique-t-il, il œuvre à rapprocher les différentes factions de gauche pour constituer un grand pôle d'opposition contre le pouvoir politique marocain. Cela ne fait pas de lui un historien, mais un acteur politique, et même un acteur politique doit obéir à des règles et aux lois. Maâti Monjib se dit historien. "Dbibina" va alors faire une recherche sur cet homme ; la recherche est très rapide car il n'y pas grand-chose sur la vie de cet homme qui a un peu plus de 60 ans, et a écrit un livre et un seul sur «la monarchie marocaine et la lutte pour le pouvoir», il y a près d'un tiers de siècle. C'est bien mais c'est insuffisant pour se bombarder historien. Les autres ouvrages sont co-écrits avec d'autres auteurs, comme celui sur la vie de Ben Barka, co-écrit avec la très prolifique Zakya Daoud. Monjib devient alors Allayjib ; il n'est pas historien, simplement auteur, mais ça fait bien, pour nos ''amis'' français, de dire qu'il est historien. À l'inverse, les différentes, nombreuses et juteuses affaires qu'il a pu et su faire avec son centre d'études Ibn Rochd peuvent lui conférer sans conteste la qualité d'homme d'affaires. Un peu véreux, un peu malhonnête, mais hommes d'affaires. Constituer un centre d'études en Sarl et non en association, s'adjuger 98 % des actions (le reste à sa sœur), recevoir des sommes en millions de dirhams de l'étranger pour son centre, puis transférer une grande partie de cet argent sur ses comptes et acquérir des appartements, des terrains... sur tout cela, la justice demande des éclaircissements. Alors il est bien de crier au procès politique contre un historien. Les Français et autres soutiens de ce Monsieur veulent bien croire à ça ; de toutes les manières, à leurs, yeux tout est de la faute du ''régime'' marocain et de ses services de sécurité ! Et justement, cette semaine, alors que "Dbibina" regardait distraitement la télé, il zappe nonchalamment et tombe sur le héros Allayjib, interrogé par... France24, la chaîne qui est derrière tant de coups contre le Maroc. La journaliste pose des questions sur le procès, des questions orientées où elle oriente sa réponse ; et la réponse c'est sur le procès politique, les tourments endurés, le ''roi malade'', ''la police politique qui a pris le pouvoir''. Allayjib écoute la question de l'employée de France24, répond à côté en attaquant le Maroc et ses institutions ; l'employée ne l'interrompt pas, pas plus qu'elle ou ses chefs n'ont pensé à lui opposer quelqu'un d'un avis différent. La liberté d'expression, France24 l'exige de tous, mais pas pour elle. En répondant aux questions orientées posées par la journaliste d'une chaîne télé aussi orientée, on peut avoir le sentiment que l'objectif de notre ''historien'' est d'être poursuivi par ses propos sur le roi, la police, la politique. Mais c'est mal connaître le Maroc : la loi suivra son cours, et ne se laissera pas distraire par ces manœuvres de diversion. Qu'il dise ce qu'il veut le Monsieur, même si c'est déplacé, car au Maroc, la liberté d'expression existe, même quand elle bouscule les règles de bienséance, de courtoisie et de respect. Et en attendant que le procès suive son cours, que les débats montrent l'étendue des détournements de ce franco-marocain qui cherche à apitoyer sa France et à mobiliser autour de lui ses amis de la cinquième colonne, faite de gens aigris en mal de reconnaissance, on peut s'interroger sur la légitimité de ces combats menés par France24 au nom des droits de l'homme, cette même chaîne regardant ailleurs quand des crimes à grande échelle sont commis en Méditerranée même. France24 et ses amis marocains, comme Jamaï, lmra-bête, Zakaria Boum-ni (qui avait déchiré son passeport marocain en direct sur un plateau France24), sont plutôt discrets sur Gaza, sur les migrants morts noyés en Méditerranée... En réalité, ils ne sont pas discrets, ils sont obéissants, et disent ce qu'on leur dit de dire, quand le dire et dans quel sens orienter leurs déclarations. "Dbibina" essaie de comprendre qui est donc ce Monsieur Monjib, alias Allayjib. Un historien, mais avec peu d'écrits significatifs ; un activiste, mais avec peu d'actions courageuses ; un journaliste, mais avec peu d'articles référencés. Et "Dbibina" comprend, tout d'un coup : Maâti Allayjib est un détourneur d'argent en quête d'enrichissement rapide et confortable, mais aussi un manipulateur qui botte en touche dès qu'on le met face à ses actes illégaux. Après, c'est tellement facile de rameuter les gens de France24, de l'Humanité et des marocains en rupture de ban. Mais la justice marocaine suivra son cours, et Maâti Allayjib devra bien lui expliquer comment l'histoire, le journalisme rapportent autant d'argent ! Patient, "Dbibina" attendra donc qu'Allayjib, confondu par les preuves et les faits, avoue finalement que c'est son activisme grassement rémunéré qui lui fait gagner autant d'argent !