La cagnotte controversée en faveur du policier qui a tué le jeune Nahel il y a une semaine à Nanterre devait fermer mardi à minuit, a annoncé son initiateur Jean Messiha, un ancien porte-parole d'Eric Zemmour contre qui la famille du jeune adolescent a porté plainte. La cagnotte va être « clôturée ce soir à minuit », a affirmé dans une vidéo sur Twitter Jean Messiha. Deux heures avant sa fermeture, elle approchait 1,6 million d'euros de dons. Une collecte pour la mère de l'adolescent de 17 ans, qu'elle élevait seule, avait mardi soir récolté quelque 400 000 euros. Qualifiée de « cagnotte de la honte » par plusieurs responsables de gauche, la collecte d'argent lancée par Jean Messiha sur le site GoFundMe a connu un succès inattendu et suscité un vif débat. Dans la soirée, l'avocat de la famille du jeune adolescent abattu le 27 juin lors d'un contrôle routier à Nanterre a annoncé avoir porté plainte. « Une plainte a été déposée ce jour pour escroquerie en bande organisée, détournement de traitement de données à caractère personnel et recel de ces délits contre Jean Messiha et contre toutes les personnes qui seront identifiées par l'enquête comme ayant participé à ces infractions », a indiqué dans un communiqué Me Yassine Bouzrou. Avant l'annonce de sa clôture par Jean Messiha, les députés Mathilde Panot (LFI) et Arthur Delaporte (PS) avaient indiqué saisir la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, pour obtenir la fermeture de la cagnotte. « Cette cagnotte pourrait être considérée comme illégale » et « doit fermer », a ainsi estimé Arthur Delaporte. « Il ne fait aucun doute des intentions de l'initiateur de cette cagnotte, qui utilise le drame de Nanterre pour asseoir et véhiculer des idées politiques appelant à la haine », a écrit à la procureure le député du Calvados. «Insulte aux proches de Nahel» Cette cagnotte est « une insulte aux proches de Nahel », a estimé de son côté Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI à l'Assemblée nationale. Les deux députés considéraient que cela pouvait constituer une incitation à la haine et provoquer un « risque sérieux de trouble à l'ordre public eu égard au contexte particulièrement volatil dans le pays », touché depuis la soirée du 27 juin par des violences urbaines. La droite et l'extrême droite, qui estiment que la police doit être soutenue sans ambiguïté, n'avaient pas trouvé à y redire. « C'est une démarche que j'entends, que je comprends, qui ne me paraît pas contraire à nos principes. Bien au contraire, que l'on soutienne la famille d'un policier qui est aussi dans une épreuve aujourd'hui, ça ne me paraît pas choquant », avait ainsi déclaré lundi le président du parti les Républicains (LR) Eric Ciotti, sans exclure d'y contribuer lui-même. Côté gouvernement, la Première ministre Elisabeth Borne et son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ont estimé que c'était à la justice de se prononcer sur sa légalité. L'opposition n'a pas manqué de faire un parallèle avec la cagnotte créée le 6 janvier 2019 pour l'ex-boxeur « gilet jaune » Christophe Dettinger, alors que ce dernier était en garde à vue après avoir été filmé la veille à Paris en train de frapper deux gendarmes. Leetchi avait décidé deux jours plus tard de suspendre cette cagnotte, dont le succès avait suscité une avalanche de réactions politiques indignées, notamment dans le camp gouvernemental et parmi des syndicats de policiers. En janvier 2021, le tribunal de Paris avait annulé la cagnotte et ordonné la restitution des fonds à ses contributeurs.