Plus de cinquante ans après leur accession à l'indépendance, les pays africains qui étaient un jour colonisés par la France ne jouissent toujours pas d'une pleine souveraineté monétaire. Le franc CFA est symbole d'une servitude qui se perpétue. Le franc de la communauté financière africaine (CFA) est un exemple éclatant du lien d'interdépendance qui se perpétue entre la France et ses anciennes colonies d'Afrique de l'ouest et du centre. Pour le journaliste François Mattei, «les chiffres du franc CFA qui apparaissent dans les bilans de la banque de France ne sont pas les bons. Les comptes d'opération et leur déroulement constituent (…) une ingérence dans souveraineté de ces pays.» «La France, nain économique sans la maîtrise du franc CFA, emprunte l'argent des Africains aux Africains, le budget français est le seul gagnant. C'est cela, l'aide au développement à la française.» Cette monnaie n'accorde aucune importance aux règles de transparence en vigueur dans les instances monétaires et financières internationales et occasionne l'extraversion des économies africaines et la faible croissance structurelle dont souffrent ces dernières. Le franc CFA est perçu comme l'illustration de la perpétuation d'un régime colonial prédateur. Cette aliénation monétaire et la servitude volontaire de banquiers centraux africains ont été permises à cause de l'effondrement politique dans quelques pays africains et leur caractère non démocratique. Pour M. Mattei, la politique générale et les pratiques de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), doit repenser autrement le lien postcolonial qui continue de structurer les relations franco-africaines. Le cas de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), regroupement de huit Etats possédant en commun l'usage du franc CFA interpelle. La dépendance de cette zone à l'égard de la zone Euro est édifiant : en effet, lorsque les taux d'intérêt de la zone Euro augmentent, les capitaux quittent la zone UEMOA pour se placer dans la zone Euro, plus généreuse avec les dépôts. Pour éviter ce scénario, la BCEAO se trouve amenée à augmenter ses propres taux directeurs. Une contrainte externe qui affecte gravement la situation économique propre à la zone UEMOA.