Les accusations portées contre le Maroc en lien avec l'affaire "Pegasus" relèvent d'une "surenchère déclarative" qui n'est basée sur aucune preuve scientifique, a souligné, vendredi à Paris, Me Rodolphe Bosselut, avocat du Royaume en France. Me Bosselut a dénoncé, entre autres, l'absence des listes de téléphones prétendument infectés par le logiciel espion, alors que la défense du Maroc a soumis la méthodologie du laboratoire d'Amnesty International (AI) à des experts auprès de la Cour de cassation à Paris et de la Cour pénale internationale. Les experts ont démontré que la traçabilité des investigations techniques menées par Amnesty "n'est pas établie, que le choix des smartphones utilisés n'est pas documenté, que l'intégrité des smartphones expertisés n'est pas documentée, que la traçabilité ne résulte que d'affirmations et que l'approche d'AI ne suit pas les bonnes pratiques en matière d'investigation numérique", a déclaré l'avocat à la MAP, en marge d'une conférence de presse à Paris consacrée aux derniers développements de cette affaire et les actions judiciaires entreprises par le Maroc. Me Bosselut a cité, par ailleurs, le cas du journaliste espagnol, Ignacio Cembrero, qui prétendait avoir été espionné par le Maroc à l'aide de "Pegasus" et qui a déposé une plainte en Espagne, relevant que l'affaire a été classée sans suite, faute de preuves scientifiques. ''Ce dernier a remis son téléphone aux autorités espagnoles qui l'ont fait examiner et constaté que son smartphone n'était nullement infecté par Pegasus ni par un autre malware", a indiqué l'avocat. "Aujourd'hui cette décision est définitive, et M. Cembrero est poursuivi également pour dénonciation calomnieuse en Espagne et doit réparer le préjudice qu'il a pu causer", a-t-il dit, notant qu'une audience a eu lieu il y a quelques jours et une décision interviendrait prochainement. Selon Me Bosselut, cette décision "nous conforte dans nos propos, puisque depuis juillet 2021, nous sommes confrontés à une rumeur que nous démontons". "Nous partons du principe selon lequel ce n'est pas au Maroc de démontrer qu'il n'a pas acheté ou utilisé Pegasus, mais c'est à ceux qui l'accusent à tort de justifier leurs accusations", a plaidé l'avocat, ajoutant qu'"aujourd'hui, nous sommes 19 mois après les faits, et nous n'avons pas le début du commencement d'un document établissant ce qu'annonce la presse et ce qu' affirment certains médias français". "C'est quand même extravagant. Ce n'est pas une petite accusation anodine, c'est quand même une reproche d'une gravité extrême. Nous n'avons rien et le peu que nous ayons (c'est à dire un rapport du laboratoire d'AI), nous l'avons soumis à des experts judiciaires qui ont l'aval de toutes les juridictions en France, de la Cour de cassation, de la Cour d'appel et même de la Cour pénale internationale, qui disent que la méthodologie du rapport d'Amnesty est mauvaise et qu'ils ne peuvent pas déduire ce qu'ils prétendent déduire. C'est à dire qu'il y ait eu des infestations avec Pegasus et qu'on puisse relier ces infestations à Pierre, Paul ou Jacques, et à fortiori, au Maroc", a-t- il martelé. Le fait de braquer les projecteurs sur le Maroc qui a nié dès le premier jour avoir acquis ou utilisé Pegasus, alors que d'autres pays, notamment européens, ont affirmé l'avoir acquis et utilisé, constitue un "paradoxe absolument troublant", selon l'avocat. A ses yeux, cela "interroge, car ils choisissent mal la partie qu'ils accusent, puisque, précisément, l'Etat marocain n'a ni acquis ni utilisé Pegasus".