Alors qu'Elizabeth Borne veut arracher des annonces sur une possible augmentation des livraisons de gaz algérien à la France, en pleine crise énergétique exacerbée par la guerre en Ukraine, le président algérien Abdelmadjid Tebboune essuie une nouvelle humiliation. Lui qui a prédit «un retour à la normale» des relations avec la France, à condition qu'elles se fassent sur une base d'«égal à égal», voit Emmanuel Macron lui imposer les termes de la future coopération entre les deux pays. «Nous sommes d'accord pour qu'on traite l'un avec l'autre pour ne pas nuire aux intérêts de chaque partie, mais nous n'accepterons pas qu'on nous impose quoi que ce soit» : en avril, Abdelmadjid Tebboune jurait ses grands dieux que les relations Alger-Paris seront désormais équilibrées, avant d'affirmer qu'«il faut bien que ces relations reviennent à la normale, à condition que l'autre partie (la France) les conçoive sur une base d'égal à égal, sans provocation». Las ! C'est Paris qui mène la danse face à un régime qu'elle sait sans légitimité. Elisabeth Borne se rendra en Algérie les 9 et 10 octobre. Officiellement, il s'agit de concrétiser, avec son homologue algérien, Aymen Benabderrahmane, le «partenariat» conclu entre les présidents des deux pays à la fin d'août. «Partenariat» ? Plutôt une feuille de route rédigée solitairement par Emmanuel Macron et imposée aux Algériens selon des sources françaises bien informées. En gros, Mme Borne, accompagnée de plusieurs membres du gouvernement français, coprésidera, avec M. Benabderrahmane, «la 5e session du comité intergouvernemental de haut niveau» (CIHN) avec pour boussole le texte du «partenariat» qu'Emmanuel Macron a préparé lui-même, fidèle l'exercice solitaire du pouvoir qu'il pratique partout. « Emmanuel Macron voulait discuter avec des jeunes algériens. Il est arrivé en face de jeunes, mais flanqué de deux ou trois officiels algériens. Il n'a pas eu la parole autant qu'il aurait souhaité, c'était entrecoupé de commentaires d'apparatchiks algériens », selon la source. — Georges Malbrunot (@Malbrunot) October 8, 2022 Personne n'est dupe : le président français envoie sa première ministre pour discuter une possible augmentation des livraisons de gaz algérien à la France, alors qu'Alger aborde ce point avec une grande retenue. Pour rappel, la présidente d'Engie, Catherine MacGregor, faisait partie de la délégation officielle lors de la visite du président Macron, fin août. Au début de juillet, à l'occasion d'un accord conclu entre Engie et la Sonatrach sur le prix du gaz livré à l'énergéticien français, les deux société avaient annoncé leur «intention d'étendre leur partenariat au gaz naturel liquéfié [GNL] et au gaz naturel». Sauf que le régime algérien se gargarise de mots et utilise le gaz comme une arme politique, et l'Espagne en a fait les frais. Le voyage à Alger de la première ministre Elisabeth Borne sera-t-il émaillé d'autants de difficultés? — Georges Malbrunot (@Malbrunot) October 8, 2022 «Un partenariat renouvelé, concret et ambitieux», mais surtout un partenariat dicté par les Français, qui ont rédigé également la déclaration commune qui acte la relance des liens bilatéraux. Le président algérien avait évoqué, pour rassurer son hôte, a annoncé la relance de plusieurs comités intergouvernementaux en veilleuse, dont le CIHN, le comité mixte économique franco-algérien ou encore le comité de dialogue stratégique algéro-français. Sans annoncer des gestes concrets.