Pour le président de l'IPSE, il y a une volonté de la part de l'Algérie de vouloir régionaliser le conflit du Sahara. «Il y a, de la part de l'Algérie, une volonté de dramatiser ce qui est depuis hélas désormais 46 ans un conflit gelé mais un conflit qui n'est pas une guerre ouverte. Il y a eu une guerre ouverte, la fameuse guerre des sables, mais on en est plus là aujourd'hui, ou en tout cas, on n'en est pas encore là. Alger a une volonté de dramatiser tous les événements : l'attaque contre le poste-frontière à Guerguerat en novembre dernier, les accusations émises par l'Algérie quant à la mort du chef de la gendarmerie du Polisario, ou encore récemment les accusations de la diplomatie algérienne à la suite de la mort de trois camionneurs algériens. Il se trouve que la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara) a indiqué que ces camions se trouvaient non pas sur la route commerciale comme l'Algérie le prétendait mais dans une zone militarisée interdite à toute circulation» a déclaré Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective & Sécurité en Europe (IPSE) à la chaîne TV5 Monde. «Donc il y a de la part de l'Algérie une volonté de tendre la situation et de faire croire à l'idée qu'on se trouve dans une guerre en faisant le parallèle avec la guerre au Sahel. C'est la raison pour laquelle l'Algérie joue sur un autre facteur, c'est qu'elle a lancé depuis avril 2010 un certain nombre de rapprochement avec les pays du voisinage marocain. J'ai en tête le comité d'état-major opérationnel conjoint (CEMOC) qui a été construit pour encercler d'une certaine manière le Maroc. Dans le même temps, l'Algérie a créé une coordination de lutte anti-terroriste, l'Unité de Fusion et de Liaison (UFL). Donc il y a une volonté de la part de l'Algérie de vouloir régionaliser le conflit et de la part du Maroc une volonté de confirmer la nécessité de revenir à la négociation telle que la dernière résolution votée par 13 membres de sécurité sur 15 la semaine dernière» a-t-il mentionné.