Avec sa mise en accusation pour «incitation à l'insurrection» votée à la Chambre des représentants le 13 janvier, Donald Trump est devenu le premier président des États-Unis à tomber deux fois sous le coup d'un «impeachment». Les démocrates déposeront lundi soir l'acte d'accusation de Donald Trump au Sénat américain, sonnant l'ouverture formelle du procès historique en destitution pour «incitation à l'insurrection» de l'ex-président, encore fort du soutien de certains sénateurs républicains. Après cette cérémonie solennelle, le procès en destitution, une première pour un ancien président américain, ne démarrera que le 9 février. Derrière ce délai, sur lequel républicains et démocrates se sont mis d'accord : la volonté de laisser plus de temps au milliardaire républicain pour préparer sa défense. Mais aussi à Joe Biden pour enclencher sa présidence, en voyant plus de membres de son cabinet confirmés par le Sénat et, espère-t-il de premiers grands projets de loi adoptés. En attendant, le nouveau président multiplie les décrets pour tenter de redresser la première économie mondiale et lutter contre l'épidémie. Après un week-end d'un silence contrastant grandement avec les tweets qui rythmaient les fins de semaine de Donald Trump, le démocrate signera lundi après-midi un nouveau décret renforçant le «Made in America». «Impeachment» historique Avec sa mise en accusation pour « incitation à l'insurrection » votée à la Chambre des représentants le 13 janvier, Donald Trump est devenu le premier président des États-Unis à tomber deux fois sous le coup d'un «impeachment». Vers 19 h, les «procureurs» démocrates de la Chambre traverseront les longs couloirs richement décorés qui les séparent du Sénat pour aller présenter l'acte d'accusation du 45e président des États-Unis. Puis ils le liront devant les sénateurs. Donald Trump est accusé d'avoir incité ses partisans à se lancer à l'assaut du siège du Congrès le 6 janvier, pendant que les parlementaires certifiaient la victoire de son rival Joe Biden à la présidentielle. «Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles. Vous devez montrer de la force et vous devez être forts», avait-il lancé aux manifestants peu avant l'attaque du Capitole, qui a fait cinq morts. Ces scènes de violences ont bouleversé l'Amérique, et poussé plusieurs grands noms républicains à dénoncer le comportement de Trump. Mais une condamnation au Sénat apparaît à ce stade improbable, puisque Trump, toujours très populaire auprès de ses électeurs, compte encore sur des soutiens clés à la chambre haute. Procès «stupide» Avant la cérémonie, le Sénat doit approuver lundi après-midi la nomination de Janet Yellen comme ministre de l'Économie et des Finances. Le vote de confirmation du futur chef de la diplomatie américaine Antony Blinken pourrait lui intervenir mardi. Dressant un sombre tableau des crises sanitaire et économique qui frappent les États-Unis, Joe Biden a proposé un plan titanesque de relance de l'économie et de lutte contre la pandémie de 1900 milliards de dollars. Mais son adoption au Congrès semble pour l'instant compromise par les vives oppositions de républicains, mais aussi les réticences de démocrates modérés. Les démocrates ont certes pris le contrôle du Sénat en plus de la Chambre. Mais leur majorité est extrêmement fragile : ils occupent 50 sièges de sénateurs, contre 50 pour les républicains. En cas d'égalité parfaite dans un vote, la vice-présidente Kamala Harris a le pouvoir d'ajouter sa voix pour faire pencher la balance du côté démocrate. Mais ils auront besoin de 60 voix pour soumettre au vote les grandes réformes. Et des deux tiers du Sénat pour condamner Donald Trump. Un objectif qui semble difficile à atteindre, même si leur influent chef Mitch McConnell n'a pas exclu de voter pour sa condamnation. «Je trouve ce procès stupide», a tonné le sénateur républicain Marco Rubio dimanche sur Fox. «Le pays est déjà en flammes et cela revient à verser de l'essence sur ce feu». D'autres espèrent même bloquer tout bonnement la tenue du procès, en déclarant anticonstitutionnel de juger un ex-président. Grand critique de Donald Trump, le sénateur Mitt Romney est l'une des rares voix républicaines à soutenir la procédure, sans toutefois se prononcer encore sur le sens de son vote. Cet ex-candidat à la présidentielle fut le seul républicain à condamner le magnat de l'immobilier lors de son premier procès en destitution, en février 2020 dans l'affaire ukrainienne. Le président avait alors été acquitté. Chez les démocrates, les voix sont en revanche quasi unanimes. «Il faut le mettre devant ses responsabilités. L'avenir de ce pays est en jeu», a déclaré lundi le chef de la commission judiciaire de la Chambre Jerry Nadler. Au-delà du Congrès, l'avenir judiciaire de l'ex-président reste menaçant, avec de multiples poursuites engagées à travers le pays. Mais la Cour suprême a allégé son horizon lundi en ordonnant de refermer celles portant sur les revenus d'origine étrangère tirés de ses grands hôtels.