Le Japon a étendu mercredi l'état d'urgence, déjà en vigueur dans la région du grand Tokyo, à sept départements supplémentaires et a renforcé les restrictions aux frontières pour tenter de contrer la progression rapide du coronavirus. Le Japon a été relativement épargné jusqu'ici par la pandémie comparé à d'autres pays, avec moins de 4 200 décès officiellement recensés depuis janvier 2020 pour quelque 300 000 cas d'infections. « Nous continuons à voir une situation grave« , a déclaré le Premier ministre Yoshihide Suga. « Ces mesures sont indispensables et je souhaiterais demander aux gens de faire preuve de compréhension. Nous devons surmonter ce défi« , a-t-il dit. M. Suga a aussi déclaré que le gouvernement allait encore renforcer les restrictions d'entrée au Japon qui interdit déjà l'arrivée de presque tous les visiteurs étrangers. Le gouvernement va suspendre un programme qui autorisait les voyageurs d'affaires en provenance de onze pays et régions, a-t-il dit. L'état d'urgence a été étendu aux départements d'Osaka, Kyoto et Hyogo (ouest), Aichi et Gifu (centre), Fukuoka (sud-ouest) et Tochigi (est). Avec Tokyo et sa grande banlieue sous état d'urgence depuis vendredi, onze départements au total sont désormais dans cette situation. Les zones concernées représentent environ 60% du PIB nippon et totalisent 70 millions d'habitants, soit 56% de la population nationale. « Nous voulons à tout prix que les infections s'inscrivent sur une pente descendante d'ici le 7 février« , date à laquelle doit prendre fin la mesure dans toutes les zones concernées, a déclaré Yasutoshi Nishimura, le ministre nippon chargé de la lutte contre la Covid-19. Moins contraignant que celui imposé au printemps dernier, l'état d'urgence cible principalement les restaurants et bars, appelés à cesser de servir de l'alcool après 19h00 et à fermer leurs portes à 20h00. M. Suga a invité ses compatriotes à éviter les restaurants également en journée et, d'une manière générale, à limiter leurs déplacements. La loi japonaise ne prévoit pas de sanctions en cas de non-respect des consignes, même sous état d'urgence, mais le gouvernement prépare une modification de la loi qui permettrait de verbaliser les entreprises récalcitrantes. Des incitations financières ont également été annoncées pour celles qui respectent les règles. Les entreprises sont incitées à privilégier le télétravail, avec l'objectif de réduire de 70% les déplacements domicile-travail. En revanche, les écoles ne sont pas appelées à fermer, et des événements publics peuvent avoir lieu, avec un nombre de spectateurs limité. Mais l'archipel subit depuis novembre une troisième vague bien plus importante que les deux premières, menaçant de saturer ses hôpitaux. Un nouveau record national a été battu vendredi avec près de 8 000 nouveaux cas positifs recensés en 24 heures. A six mois de l'ouverture prévue des Jeux olympiques de Tokyo-2020, reportés l'an dernier à cause de la pandémie, l'état d'urgence risque de refroidir davantage l'enthousiasme de la population japonaise, déjà majoritairement favorable à un nouveau report ou une annulation pure et simple des JO.