En partie reconfinés et maintenant brutalement coupés du monde en raison d'une mutation du nouveau coronavirus, les Britanniques craignent de se retrouver privés d'approvisionnements, à quelques jours de Noël et du Brexit. En un week-end, la nouvelle variante du nouveau coronavirus, 70 % plus contagieuse selon Londres, a provoqué une double déflagration. D'abord le reconfinement annoncé par le premier ministre Boris Johnson pour 16 millions d'habitants de Londres et du sud-est de l'Angleterre. Puis la décision de nombreux pays, au premier rang desquels la France, de suspendre les liaisons avec la Grande-Bretagne. Le tout en pleins préparatifs de Noël mais aussi au moment où les entreprises remplissent leurs stocks avant la sortie du marché unique européen au 31 décembre. Pour organiser la riposte face à ce soudain isolement, Boris Johnson doit présider dans l'après-midi une réunion de crise «pour discuter de la situation concernant les déplacements internationaux et en particulier les flux réguliers du fret», selon un porte-parole de Downing Street. Insistant sur la nécessité de débloquer le trafic «dès que possible» après la fermeture «jusqu'à nouvel ordre» du port de Douvres dans le sens des départs, le ministre des Transports britannique Grant Shapps s'est voulu rassurant. Les routiers touchés sont principalement européens, a-t-il souligné, «les marchandises sont principalement les leurs, ils ne veulent pas qu'elles se perdent, pas plus que nous voulons que la frontière soit fermée», a-t-il souligné. L'ancien aéroport de Manston est prêt à accueillir jusqu'à 4 000 camions pour décongestionner le réseau routier. Une réunion d'experts de l'Union européenne était prévue lundi pour discuter de la réponse à apporter à cette crise, avant une rencontre des ambassadeurs des 27. Sur Twitter, le ministre français Jean-Baptiste Djebbari a assuré que serait mis en place «dans les prochaines heures» un «protocole sanitaire solide» au «niveau européen» pour «que les flux depuis le Royaume-Uni puissent reprendre». Les Français «nous ont dit qu'ils veulent que le trafic des camions reprenne aussi vite que possible», a expliqué Grant Shapps, appelant les Britanniques à «ne pas se déplacer». Repousser le Brexit ? Le Royaume-Uni, un des pays les plus durement touchés en Europe avec plus de 67 000 morts et un record de près de 36 000 cas enregistrés dimanche, voit l'épidémie repartir brutalement avec une mutation du SARS-CoV-2. Déjà très critiqué pour sa gestion de la pandémie, marquée par des hésitations et revirements, le gouvernement de Boris Johnson a contraint nombre de Britanniques de faire une croix sur leurs retrouvailles de Noël, après avoir assuré vouloir tout faire pour les préserver. Admettant dimanche que cette nouvelle variante du virus était «hors de contrôle», le ministre de la Santé Matt Hancock a affirmé qu'il serait «difficile» de la contenir jusqu'à ce que la vaccination soit largement déployée, ce qui prendra plusieurs mois. Malgré les assurances des autorités, les marchés financiers ont accueilli avec inquiétude cette nouvelle fermeture des frontières, la livre sterling piquant du nez. Selon un porte-parole de la chaîne de supermarchés Sainsbury's, «tous les produits» pour le repas de Noël se trouvent déjà sur le sol britannique. En revanche, «si rien ne change», salades, «choux-fleurs, brocolis et agrumes» importés du continent pourraient bientôt manquer. Selon le British Retail Consortium (BRC), organisme fédérant des entreprises du commerce de détail, «toute fermeture prolongée de la frontière française serait problématique» à l'approche de la fin de la période de transition post-Brexit qui s'achève au 31 décembre. À dix jours de l'échéance, les négociations commerciales post-Brexit entre Londres et Bruxelles n'ont toujours pas abouti et en cas d'échec, l'irruption de quotas et droits de douanes fait craindre le chaos dans les approvisionnements du pays. Pour l'éviter, la première ministre écossaise Nicola Sturgeon (indépendantiste) et le maire travailliste de Londres Sadiq Khan ont appelé le gouvernement à demander une extension de la période de transition post-Brexit au-delà du 31 décembre.