Le plan de relance économique adopté par le Royaume doit ériger en priorité le redémarrage de l'appareil productif, la préservation des emplois et l'aide aux entreprises en détresse. Cependant, le processus de transition énergétique ne doit pas être perdu au profit de priorités immédiates, soulignent Rim Berahab et Afaf Zarkik dans un papier d'opinion intitulé « La transition énergétique à l'épreuve de la Covid-19 ». Dans ce contexte marqué par la pandémie, il est important d'opter pour une relance économique respectant pleinement les principes de développement durable. D'où la nécessité d'opérer un réajustement de la politique environnementale aussi bien sur le plan institutionnel et juridique que sur le plan opérationnel. Par ailleurs, dans la lettre de cadrage adressée par le Chef du gouvernement aux différents ministres en préparation du projet de Loi de finances 2021, une attention particulière est accordée à la rationalisation optimale des dépenses de fonctionnement en veillant à encourager l'utilisation des énergies renouvelables et des technologies de l'efficacité énergétique. « Les atouts stratégiques fondamentaux du Maroc, cristallisés dans son potentiel solaire et éolien, sont aujourd'hui en mesure de générer des bénéfices socio-économiques et environnementaux très importants. En outre, de nouvelles technologies sont apparues, telles les filières de production construites autour de l'hydrogène », précisent les deux économistes. Soulignons, dans ce sens, qu'une commission nationale d'hydrogène a été créée en vue de renforcer la stratégie du Maroc dans le domaine du développement des énergies renouvelables, assurer son indépendance énergétique et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette commission aura pour missions de diriger et assurer le suivi de la réalisation des études dans le domaine d'hydrogène, ainsi que d'examiner la mise en œuvre de la feuille de route de production de l'hydrogène et ses dérivés à base d'énergies renouvelables. La création de cette commission intervient dans le cadre de l'accélération du renforcement des capacités du Royaume en matière de développement technologique du secteur des énergies renouvelables, dans le but de faire du Maroc un des pays pionniers dans le domaine de la production des combustibles verts, afin d'aller de l'avant vers la mise en place de nouveaux partenariats énergétiques à forte valeur ajoutée. « Dans le cadre de cette dynamique, le Maroc et l'Allemagne avaient signé, en juin 2020, une convention relative au développement du secteur de la production de l'hydrogène vert, visant à mettre en place des projets de recherche et d'investissement dans l'utilisation de cette matière, en tant que source d'énergie écologique », rappellent les deux économistes. Ainsi, la crise économique ne justifie pas pour autant la réduction des mesures écologiques et environnementales. La notion de résilience de l'économie devient un concept clé pour se prémunir contre de futures crises, à l'instar de celle que nous vivons aujourd'hui. La crise mondiale du Coronavirus est aujourd'hui une occasion de consolider la résilience des modèles économiques, et énergétiques en particulier, à travers le renforcement de la transition énergétique. « Les énergies renouvelables ont, en effet, fait leurs preuves, d'autant plus que leurs coûts technologiques ont connu une baisse importante ces dernières années. Cette situation représente, aussi, un test de l'engagement des gouvernements qui se sont engagés dans une relance verte, car les observateurs remarqueront rapidement si l'accent mis sur les transitions d'énergie propre s'estompe lorsque les conditions du marché deviennent plus difficiles », concluent les auteures de ce papier d'opinion publié par le Policy Center for The New South.