L'importance de transformer le marché marocain d'un marché agricole du push en un marché du pull, à flux tirés par les commandes internationales structurantes et valorisantes a été soulignée lors un wébinaire organisé à l'initiative de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) sous le thème « l'export agroalimentaire, locomotive de création d'emploi et de relance économique inclusive ». Cette transformation est le meilleur moyen d'agir sur la croissance et sur la création d'emploi, ont relevé les intervenants à ce webinaire. Ainsi, une bonne partie de la valeur ajoutée agricole deviendrait industrielle et commerciale (trading international et logistique) permettant une meilleure adéquation entre la production et la nature des terrains et des ressource de chaque région. Les quelques expériences menées jusqu'ici par l'OCP ou par des industries de transformation (agrégation) viennent confirmer ce constat grâce à l'accompagnement et le soutien des agriculteurs et de l'amont agricole en général. Pour Rachid Benali, 1er Vice-Président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader), le Maroc pourra améliorer son offre et assurer son autosuffisance à travers le développement des initiatives pareilles. Se posent néanmoins des contraintes majeures relatives à la compétitivité de l'offre exportable agroalimentaire nationale en terme de prix mais aussi de qualité des produits et de leur valorisation. Ce qui a poussé Amine Khalil, directeur de développement de Dari Couspates, à lancer un appel aux entreprises du secteur pour s'investir encore plus au niveau de l'innovation, l'adaptation du produit aux spécificités du pays-cible, la prospection et l'amélioration continue de la qualité, condition sine qua none pour avoir un avantage concurrentiel à l'export. M. Khalil n'a pas manqué de relever l'enjeu du branding, vu que plusieurs produits marocains sont actuellement commercialisés à l'international sous des labels étrangers portant ainsi un coup dur à la production nationale et au made in Morocco. Ceci sans parler du fléau de la contrefaçon et des difficultés de blocage à l'export dont souffrent les entreprises nationales. Pour sa part, Amine Laghidi, DG Africa Lion et Vice-Président de l'ASMEX, a rappelé que l'enjeu majeur en période de crise demeure la confiance de l'investisseur et la création d'emplois dans tous les secteurs et particulièrement dans l'agroalimentaire, vu son rôle en matière de sécurité alimentaire, d'influence externe et de développement inclusif, de création de richesse et de stabilité interne. L'agroalimentaire s'accapare en effet une part importante dans l'offre exportable marocaine et son développement représente un enjeu majeur et un potentiel de croissance économique indéniable, a-t-il noté. Et de poursuivre: « La crise sanitaire et ses implications économiques et sociales à l'échelle mondiale relance avec acuité le débat sur la priorité de l'économie alimentaire dans la réduction de la pauvreté, la création d'emplois, la diversification des exportations et donc la création de richesse et de prospérité pour les nations et les structures économiques ». M. Laghidi a, en outre, mentionné l'importance d'adopter la notion de hub marocain agroalimentaire international dédié à la fois au sourcing, à la production, la transformation et l'export valorisant. Selon lui, c'est le meilleur moyen d'attirer les investisseurs étrangers, de créer une dynamique industrielle et commerciale et répondre au mieux aux contraintes liées à la périssabilité et à l'accès au marché international auxquelles sont confrontés les producteurs. « Le savoir-faire, une fois capitalisé, permettra l'émergence de zones de trading internationales dans les zones franches logistiques et/ou indutrielles permettant au Maroc de devenir un véritable trader valorisant les exports africains vers le monde », fait valoir le vice-président de l'ASMEX. De son côté, Malick Diop, DG de l'Agence sénégalaise de promotion des exportations a souligné que les pays africains sont résilients et doivent avancer ensemble pour dépasser les répercussions de la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19). « Pour ce, il faut développer un commerce interafricain dans la mesure où les pays vont se compléter en termes de chaînes de valeurs mais aussi de savoir-faire jusqu'à ce qu'ils assurent une souveraineté agricole régionale », a-t-il dit, précisant que ceci n'est possible qu'avec la création d'une zone de libre-échange africaine surtout avec le protectionnisme appliqué au niveau de l'Europe et la Chine actuellement. « Aller vers les marchés extérieurs ensemble est la solution post-covid, voir même créer une souveraineté », a estimé M. Diop. L'accélération du processus pour la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) est plus que d'actualité aujourd'hui. En conclusion, le président de l'ASMEX, Hassan Sentissi El Idrissi, a tenu à lancer un appel à tous les pays africains pour adhérer le plus rapidement possible, comme vient de le faire le Sénégal, au projet de création d'une association africaine des exportateurs qui constituera un espace d'échange, de suivi et de promotion de l'offre exportable africaine et assurera un cadre favorable aux partenariats à l'échelle intercontinentale. Ce webinair est organisé dans le cadre du cycle de visioconférences de l'association visant à accompagner les entreprises exportatrices afin de saisir les opportunités du marché en cette période marquée par l'impact du covid-19.