En Algérie, au Maroc et en Tunisie, les établissements scolaires ont fermé à la mi-mars lorsque l'épidémie s'est propagée. Le troisième trimestre est fichu. Et les dates du sacro-saint baccalauréat –sésame indispensable pour l'université– varient. L'épidémie de coronavirus, qui continue de régresser au Maroc, a poussé l'autorité à différer les épreuves du bac. La Tunisie allège ses mesures de confinement et plus de 100.000 « bachoteurs » ont repris le chemin du lycée la semaine dernière. Les épreuves auront lieu en juillet. La capacité des salles a été réduite de moitié pour garantir une distanciation d'au moins un mètre entre élèves. Le port du masque est obligatoire pour tous. Le confinement? L'occasion d'effectuer une « bonne révision », se sont consolés des candidats sur les réseaux sociaux. Tout le monde n'est pas aussi bien loti. La fermeture des établissements scolaires révèle les inégalités d'accès à l'enseignement censé être le même pour tous. Le fossé entre élèves du privé et du public, entre ceux qui ont accès à l'éducation en ligne ou à des cours particuliers, et ceux qui en sont dépourvus, s'est creusé avec l'épidémie -surtout au détriment des régions rurales déshéritées. La couverture internet y est erratique, sinon inexistante. Beaucoup de familles, et même d'enseignants, ne disposent pas d'ordinateurs. Au Maroc, où les examens du bac se dérouleront en juillet et septembre pour environ 400.000 élèves, l'accès aux « classes virtuelles » via les applications Teams, WhatsApp ou Facebook, tout comme le suivi des leçons à la télévision, n'est pas garanti pour tous. Le président de la Fédération marocaine des associations de parents d'élèves, Noureddine Akkouri, estime que l'enseignement à distance « n'a pas été un succès » pour les « familles et leurs enfants dans le monde rural et les régions reculées en raison du coût et de l'absence de couverture réseau ». Les efforts de déploiement d'un tel enseignement se sont heurtés « à un vrai problème d'égalité des chances », a reconnu le ministre marocain de l'Education, Saïd Amzazi. « Nous ne pouvions pas servir tous les élèves. » Afin de tenter de garantir l'égalité des chances, les sujets du bac, dans les trois pays, ne porteront que sur les cours dispensés en classe avant la fermeture des lycées En Tunisie, seule une partie de l'enseignement privé a dispensé des cours à distance. La présidente de la Fédération algérienne des parents d'élèves, Djamila Khiar, réclame un « soutien psychologique » pour ceux qui n'arrivent pas à réviser. En Algérie, plus touché que ses voisins par la pandémie, les 650.000 candidats ne passeront le bac que pendant la troisième semaine de septembre. Le ministère de l'Éducation a tardé à lancer une WebTV pour la préparation des examens. Dans le grand sud algérien, les élèves sont souvent privés d'internet et qui devront passer les épreuves à une période de forte chaleur, une situation qui préoccupe tout le secteur éducatif de la région, négligée par les autorités.