Les organisations dénoncent l'indifférence et la passivité de l'Europe. L'agence européenne de contrôle des frontières a réagi en annonçant l'envoi d'un avion pour trouver l'embarcation portée disparue au large de Malte. Le sort de dizaines de migrants, qui étaient à bord d'une embarcation portée disparue au large de Malte, suscitait, dimanche 12 avril, la vive inquiétude d'organisations internationales et d'organisations non gouvernementales (ONG). L'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, communément appelée Frontex, a rapporté qu'un de ses avions «décollerait [lundi] matin pour rechercher» ce bateau. Frontex a précisé, dans un communiqué, qu'il s'agissait d'une des quatre embarcations qu'elle avait repérées vendredi et samedi. L'agence a assuré avoir informé les autorités concernées – italiennes, maltaises, libyennes et tunisiennes. «Toutes les autorités savent, mais aucune démarche pour les secourir n'a été engagée. On les laisse mourir», a dénoncé dans un tweet l'ONG allemande Sea-Watch International, qui avait auparavant annoncé que l'un des quatre bateaux avait « chaviré ». L'ONG a alerté dès samedi sur la situation périlleuse de ces embarcations pneumatiques où, selon elle, avaient embarqué en tout 260 migrants. «L'Europe les a abandonnés : pour mourir à Pâques. Encore», a encore accusé Sea-Watch. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et l'Office international pour les migrations (OIM) ont exprimé leur préoccupation. «Nous sommes très inquiets», «mais nous n'avons pas de confirmation [d'un naufrage] de la part des autorités», a déclaré Carlotta Sami, porte-parole en Italie de l'UNHCR. «La crise actuelle ne peut pas rendre moins impératif le secours aux naufragés», a-t-elle ajouté. Dans un communiqué, une autre ONG allemande, United4Rescue, a assuré que l'embarcation « désormais introuvable » « avait appelé à l'aide par téléphone ». « Nous devons compter avec des dizaines de morts », a redouté Joachim Lenz, porte-parole de United4Rescue. Selon Flavio Di Giacomo, « l'estimation du nombre de [migrants] morts en Méditerranée est malheureusement depuis toujours une estimation par défaut ». « Du début de l'année au 8 avril, nous avons enregistré 140 morts en Méditerranée centrale, 241 sur toute la Méditerranée », a-t-il dit. En pleine crise du coronavirus, Malte et l'Italie ont fermé leurs ports aux migrants. Cette décision a été dénoncée par les associations. Les autorités maltaises ont toutefois secouru vendredi un bateau avec 67 migrants, placés en quarantaine. Dimanche, une centaine de migrants ont débarqué à Pozzallo, à la pointe sud de la Sicile, selon les médias italiens. Un des quatre bateaux repérés par Frontex y a accosté dimanche matin, a précisé l'agence. Dans un contexte de crise sanitaire, le responsable de la protection civile italienne, Angelo Borrelli, a expliqué que des structures allaient être mises en place, «sur la terre ferme ou sur des bateaux», afin de placer «en quarantaine » les migrants. Une fois celle-ci terminée, ils « suivront les procédures habituelles», a-t-il ajouté. Alors qu'avec les beaux jours devrait augmenter le nombre de migrants tentant de rejoindre l'Italie à partir de la Libye, le leader de l'extrême droite italienne, Matteo Salvini, a dénoncé sur Facebook la mise en place de tels centres : «Les Italiens sont enfermés chez eux et les clandestins libres de débarquer.»