Emmanuel Macron a ordonné la fermeture à partir de lundi, et « jusqu'à nouvel ordre », des crèches, des établissements scolaires et universités pour freiner la propagation du nouveau coronavirus. Le chef de l'Etat français en a appelé, jeudi soir, à « la responsabilité » et demandé « à tous les Français » de limiter » au strict nécessaire » leurs déplacements, en privilégiant le télétravail, mais a maintenu les élections municipales dont le premier tour est prévu dimanche. Pour le président, l'épidémie de coronavirus « qui affecte tous les continents et frappe tous les pays européens est la plus grave crise sanitaire qu'ait connue la France depuis un siècle ». Selon le dernier bilan communiqué par le ministère de la Santé juste avant l'allocution présidentielle, 61 personnes sont décédées et 2.876 ont été contaminées – soit près de 600 de plus en 24 heures – dont 129 cas graves ont été placés en réanimation. Par précaution, le gouvernement a demandé la « déprogrammation immédiate des interventions chirurgicales non urgentes » afin de libérer des lits de réanimation, en salles de réveil et du personnel qualifié. Ces mesures correspondent au stade 2 du « plan blanc » des hôpitaux. A Paris, la faculté de Tolbiac, fréquentée par 10.000 étudiants et personnels, a été fermée jeudi matin après qu'un enseignant a été testé positif. Huit députés ont été déclarés positifs, dont le chef de file du groupe communiste à l'Assemblée, André Chassaigne. Dans la matinée, le Premier ministre, entouré de cinq ministres dont ceux de la Santé et de l'Intérieur, a reçu les présidents des Assemblées et des groupes parlementaires, ainsi que les chefs de partis et les présidents des associations d'élus. A leur sortie, les responsables de l'opposition ont réclamé des mesures sociales et économiques. Déjà 3.600 entreprises ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel pour environ 60.000 salariés, selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Le tourisme, la restauration, l'événementiel et les transports sont particulièrement touchés. L'urgence sanitaire se double d'une alerte économique : débâcle historique sur les places boursières dans le monde, notamment à Paris qui a connu la plus forte chute de son histoire, clôturant à -12,3% et Milan en baisse de 16,9 %, sa pire séance depuis la création de l'indice vedette FTSE Mib en 1998. Cette accélération trahit les nombreuses incertitudes qui subsistent face à l'évolution de ce virus encore mal connu. En Italie, la péninsule a franchi la barre des mille morts.