Le conseiller américain a présenté aux Nations unies le plan de paix qu'il a élaboré, et a reproché a l'Autorité palestinienne, qui a rejeté ses propositions, de ne pas avoir la volonté de parvenir à la paix. Jared Kushner, gendre du président américain et artisan du plan de paix américain pour le Proche-Orient, a défendu jeudi 6 février, devant le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), la nécessité de rompre avec «les habitudes» pour «le plus difficile problème au monde». «Les gens veulent voir des idées nouvelles et des progrès. Nous avons eu des discussions très constructives avec chacun» des pays présents «et nous voulons travailler ensemble avec le Conseil et d'autres pays pour obtenir des progrès», a-t-il détaillé après sa réunion lors d'un entretien avec des médias. Pendant plus de deux heures, Jared Kushner a présenté le plan de paix américain, avec cartes et graphiques, montrant que les développements parallèles des colonies israéliennes et des aspirations palestiniennes allaient arriver à un point de non-retour pour la création d'un Etat palestinien. Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni ou la Belgique, ont jugé à l'issue de la rencontre que la réunion avait été «très intéressante». Selon un diplomate, certains des membres du Conseil présents à la réunion se sont même fait dédicacer par Jared Kushner le plan américain qui leur a été remis sous la forme d'un gros livre. Selon le conseiller américain, la publication récente du plan a provoqué «une tonne de fissure» dans l'approche de plusieurs Etats. Il a notamment cité l'Union européenne qui, selon lui, «n'a pas été en mesure d'avoir une déclaration consensuelle» sur le plan. Il a aussi déclaré avoir vu du côté des pays membres de la Ligue arabe des «déclarations neutres» ou «en soutien», et «très peu de déclarations négatives». «Nous sommes capables de convaincre de plus en plus de gens que c'est le chemin à suivre. Les gens sont fatigués de ce conflit et réalisent que c'est dans leur intérêt national de trouver une solution», a-t-il aussi dit. Le projet américain retient une «solution à deux Etats» et propose de créer une capitale d'un Etat palestinien à Abou Dis, un faubourg de Jérusalem, alors que les Palestiniens veulent faire de l'ensemble de Jérusalem-Est la capitale de leur Etat. Il intègre aussi une annexion des colonies israéliennes, ainsi que de la vallée du Jourdain en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967, avec des frontières en rupture avec les lignes tracées à l'époque. Le plan américain «pourrait représenter la dernière chance» pour les Palestiniens d'avoir un Etat, a aussi estimé Jared Kushner, en soulignant qu'Israël avait accepté cette perspective. «C'est pourquoi il est important d'aller de l'avant avec un accord de reconnaissance» d'un Etat palestinien «en échange d'un gel» des colonies, a-t-il insisté. «Il est très très difficile d'avoir un Etat contigu où vous pouvez conduire d'une extrémité à l'autre», a-t-il aussi fait valoir, se targuant d'être «pragmatique». Il a précisé qu'une commission allait être prochainement créée avec Israël pour avoir une carte plus détaillée de la possibilité d'avoir un Etat palestinien «sans check-points au milieu». Interrogé sur la perspective d'un vote mardi à l'ONU d'un projet de résolution d'inspiration palestinienne condamnant le plan américain, Jared Kushner a déclaré s'attendre «aux mêmes arguments lassants» que dans le passé. «Ils feraient mieux de prendre les lignes [du plan américain] les unes après les autres et dire celles avec lesquelles ils sont d'accord et celles qu'ils rejettent». «Si vous voulez un Etat, vous devez montrer que vous êtes prêts à un Etat qui fonctionne. Les gens qui sont prêts à avoir un Etat ne vont pas dehors en réclamant des "journées de colère" et en poussant leur peuple à la violence lorsqu'ils n'ont pas ce qu'ils veulent». Jared Kushner a notamment reproché à Mahmoud Abbas de ne pas avoir la volonté de parvenir à la paix. «Quand nous nous sommes rencontrés – je l'ai rencontré personnellement quatre fois –, je n'ai jamais eu l'impression qu'il était prêt à entrer dans les détails, soit parce que ce n'est pas son truc, soit parce qu'il ne sait pas ce qu'il veut accomplir», a-t-il dit. «Il aime les grands principes mais on ne résout pas les problèmes avec des grands principes», a-t-il asséné.