Au moins 10 % de l'habitat naturel des espèces menacées aurait brûlé depuis le mois d'août, selon une première estimation des autorités, rendue publique lundi. Deux cent soixante-douze plantes, seize mammifères, quatorze grenouilles, neuf oiseaux, quatre insectes, quatre poissons et une araignée : le gouvernement australien a publié, lundi 20 janvier, une liste préliminaire des espèces animales et végétales menacées dont au moins 10 % de l'habitat naturel a brûlé dans la vague d'incendies qui touche, depuis des mois, l'est et le sud de l'île continent. Un bilan précis pour la faune et la flore ne sera établi que dans plusieurs semaines, le temps d'accéder, ont expliqué les autorités, à certaines zones brûlées encore trop dangereuses à explorer. Une première estimation publiée par Chris Dickman, professeur de l'université de Sydney, faisait état de la mort de plus d'un milliard d'animaux dans les incendies, qui ont détruit une superficie plus grande que celle du Portugal depuis le 1er août 2019. La publication du ministère de l'environnement et de l'énergie constitue une première liste détaillée des espèces menacées, basée sur les cartes des feux constituées par les pompiers et les zones d'habitats connues des espèces concernées. Plus de 80% des habitats connus ou probables de 49 espèces ont subi les flammes, tandis que 65 autres espèces ont vu 50% à 80% de leurs aires de peuplement affectées. «Certaines espèces sont plus vulnérables au feu que d'autres et certaines zones ont été plus gravement brûlées que d'autres, donc une analyse plus approfondie sera nécessaire avant de pouvoir évaluer pleinement l'incidence des incendies sur le terrain», a déclaré Sally Box, commissaire aux espèces menacées. Sur les 32 espèces en danger critique d'extinction touchées par les incendies, la plupart étaient des plantes, et il y avait également des grenouilles, des tortues et trois types d'oiseaux, a ajouté Mme Box. Alors que de fortes pluies ont éteint les départs de feu dans certaines zones de l'est de l'Australie, un groupe de chercheurs du Centre pour les sciences de l'écosystème de l'université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW) a de son côté publié, lundi, une étude consacrée à l'avenir de l'ornithorynque, actuellement considéré par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme une espèce «quasi menacée». Rendue public le même jour que l'estimation du gouvernement, l'étude de l'UNSW se détache des conséquences immédiates des incendies de ces derniers mois pour inclure l'ensemble des effets de la présence de l'homme dans l'évolution des populations du mammifère. Sa disparition est déjà actée pour 40 % de son habitat historique dans l'est de l'Australie en raison de sécheresses, de l'aménagement du territoire, de la pollution ou encore de la construction de barrages qui fragmentent ses lieux d'habitation, selon les scientifiques. Ils estiment que, si les menaces actuelles se maintiennent, les populations d'ornithorynques pourraient s'effondrer de 47% à 66% au cours des cinquante prochaines années. En prenant en compte la dégradation des conditions climatiques liée au réchauffement, les populations pourraient même avoir baissé de 73 % en 2070. «Ces dangers exposent l'ornithorynque à des extinctions localisées, car ils seront incapables de repeupler certaines régions», a expliqué Gilad Bino, principal auteur de l'étude. Il est selon les chercheurs «urgent» de mener une étude nationale des risques pesant sur la population de ces mammifères pour évaluer si l'espèce doit être considérée comme « vulnérable » et s'il faut mettre en place des stratégies de protection pour « minimiser les risques d'extinction ». L'étude conclut que la population totale a chuté de 50 % depuis la colonisation de l'île par les Européens il y a deux siècles. Une précédente étude publiée en novembre 2018 faisait état d'une baisse de 30 % sur cette période, et estimait la population à 200.000 individus.