La place très réduite occupée par les femmes dans l'équipe resserrée d'El Othmani consterne. D'aucuns s'interrogent sur le retard en matière de représentation féminine au sein des gouvernements successifs. Certes, le cabinet El Othmani II a répondu aux directives royales dans le sens d'une restructuration en profondeur, d'une architecture rationalisée et moderne et d'un gouvernement resserré, mais il n'y a pas eu d'effet d'entraînement féminin dans les départements de ce nouveau dispositifs de Saadeddine El Othmani. Il faut pourtant se souvenir des débats portant sur la démocratie et les conditions de sa mise en œuvre dans des institutions représentatives. 9 octobre, le nouveau gouvernement El Othmani II annoncé, ne compte que 4 femmes : Jamila EL Moussali, ministre de la Solidarité, du développement social, de l'égalité et de la famille ; Nadia Fettah Alaoui, ministre du Tourisme, de l'Artisanat, du transport aérien et de l'Economie sociale ; Nezha Bouchareb, ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'urbanisme, de l'habitat et de la politique de la ville ; Nezha El Ouafi, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger. Cette composition questionne le fonctionnement du gouvernement au prisme du genre. Le caractère problématique de la forte sous-représentation des femmes et de leur accès aux mandats électifs et exécutifs cristallise les mécontentements. Les tenants de la parité ce cessent de publiciser le caractère discriminant des institutions. L'idée paritaire peine, en effet à imposer. Mais pas seulement. L'idée de la représentativité de la cause aussi. Lors de sa formation, en 2017, le gouvernement comptait 9 femmes sur 29 hommes, soit environ un quart des portefeuilles. Une équipe qui coïncidait avec un contexte politique et rhétorique bien particulier, où les dirigeants des principaux partis cherchaient une issue à une grave crise politique. Mais une équipe éclatée. En témoigne le nombre de ministères délégués et de secrétariats d'Etat, en plus des ministères. Les moindres marges de manœuvre ont été exploitées par la plupart des partis politiques pour consacrer les positions détenues par des hommes. Les postes de responsabilité restent des bastions masculins. Il faut dire les stratégies de placement des candidats par les partis politiques, toutes couleurs confondues, semblent rendre la présence des femmes minime ou minimisée. Certes, Bassima Hakkaoui qui est à la « cause des femmes », à travers le département de la Solidarité, du Développement social, de l'Egalité et de la Famille, depuis le gouvernement Benkirane I est partie. Mais c'est une autre islamiste qui est en charge de l'égalité. Les partis de la majorité « délègueraient » presque avec soulagement ce « tribut » aux plus conservateurs d'entre eux. Oui Bassima Hakkaoui est partie. Mais le référentiel reste. Et en puissance. Les islamistes traceront encore pour au moins deux ans le chemin des femmes et continueront à bâillonner l'égalité et la parité avec son pendant « masculin ». D'autant qu'à la tête des droits de l'Homme, le PJD demeure, en la personne de Ramid. Car toutes les organisations partisanes contournent les réclamations de la parité avec la même allégresse. Dans les élections, les candidatures féminines ne sont investies que dans les circonscriptions difficilement « gagnables », ce qui limite leur marge de progression. Le déficit de représentation féminine est également accusé dans d'autres structures comme les établissements publics, les directions et les institutions étatiques. Un «gouvernement paritaire» est également gage de modernité et d'ouverture. La féminisation du personnel politique, constitue l'autre un enjeu majeur des partis marocains.