Ce père de famille se prépare à la fête du Sacrifice. Il a tout préparé ; le mouton, les couteaux, la hache, le coutelas, les brochettes…Chez lui, au Caïdat de Ras Tabouda, dans la région de Sefrou, sa femme et ses enfants, surtout le benjamin, Mohamed, âgé de six ans, sont tous pleins de joie. Nous sommes le jeudi 25 octobre, la veille de la fête. Ce père de famille se tient chez lui, au début de l'après-midi. Il sirote un verre de thé en attendant que sa femme prépare le déjeuner. Tout d'un coup, son téléphone portable sonne, il jette un coup d'œil sur l'afficheur et constate que le numéro est masqué. Peu importe. Il presse la touche «Ok». «Allo !». A l'autre bout, c'est une voix d'homme qui lui répond. Est-ce un ami qui tient à le féliciter ? Peut-être. Seulement, son interlocuteur le surprend par la question : «Est-ce que Mohamed ton enfant ? ». Perturbé, il garde le silence pour quelques secondes comme s'il pense à la réponse. Et puis un « oui » se glisse d'entre ses lèvres. «Nous le gardons chez nous. Il est en bonne santé. Mais nous le garderons jusqu'au moment où tu nous remettras la somme de 60 mille dirhams. Attention, n'en parle pas aux gendarmes. Sinon c'est ton enfant qui y passera», lui annonce son interlocuteur sur un ton sévère. Avant de raccrocher, l'interlocuteur l'informe qu'il le rappellera dans quelques heures. Comme halluciné, le père n'en croyait pas ses oreilles, sa femme perd connaissance et les enfants se mettent à sangloter. Désormais, dans cette famille, la joie cède la place à la tristesse. Perturbé, le père ne sait plus à quel saint se vouer. Garder le silence et transiger avec les ravisseurs pour sauver la vie de son enfant ? Alerter les gendarmes ? Dans de pareilles circonstances, difficile de prendre une décision. Mais, au contraire, ce père doit la prendre et rapidement. Il décide d'alerter les gendarmes. Ces derniers se mobilisent, mais avec prudence. Les ravisseurs téléphonent une deuxième fois au père, le rassurent que son enfant est en bonne santé et lui intiment l'ordre de leur remettre la somme au plus tard le vendredi, «sinon on va faire la fête avec la tête de ton enfant», menace son interlocuteur. Les limiers suivent la conversation. Le père rassure son interlocuteur que les 60 mille dirhams seront prêts dans quelques heures. Les téléphones se raccrochent. Les ravisseurs ne semblent pas être des pro puisqu'ils parlent d'abord d'un téléphone portable personnel. Ce qui a facilité la tâche pour les enquêteurs qui sont arrivés à repérer le lieu d'où est parvenu l'appel. Les investigations font remarquer que les ravisseurs pouvaient y passer la nuit. Une souricière a été tendue. Et le résultat a été, on ne peut plus concluant. Le vendredi 26 octobre, vers 06h00 du matin, les limiers donnent l'assaut et envahissent le domicile où se retrouvent quatre ravisseurs. Ils retrouvent l'enfant qui, à première vue, est en bonne santé. Les quatre malfrats ont été traduits devant le parquet général près la Cour d'appel de Fès.