La salle de ventes de la CMOOA est désormais opérationnelle à Casablanca. Une vente inaugurale s'y est déroulée samedi dernier. Un large public d'amateurs s'y est rendu pour acquérir la majorité des lots mis en vente. Pari réussi pour l'opération inaugurale de la première salle de ventes au Maroc. Les amateurs d'objets d'art n'ont pas fait la sourde-oreille à ce rendez-vous. Les enchérisseurs, décidés, avaient pris place dans les premières rangées. D'autres moins téméraires se sont installés dans les derniers rangs ou ont assisté, debout, à l'événement. Ceux qui n'avaient pas osé prendre part aux enchères, considérant sans doute que les lots sont hors de portée de leur bourse, se sont trompés. Plusieurs tableaux orientalistes ont été adjugés à des sommes inférieures à 10.000 DH. Des peintures d'Edmond Valès, de petits formats, sont partis à 6.000 ou 7.000 DH. Mais la vraie surprise est venue du mobilier. L'étonnement se lisait sur les yeux de tous les assistants. De superbes commodes de style Louis XVI ou Louis XIV se sont vendues à 8.000 DH. Un magnifique bureau rognon à huit tiroirs en citronnier et filets de palissandre a été a adjugé à 7.000 DH. L'autre élément de surprise est venu des bibliophiles. Les livres, portant sur le patrimoine marocain, se sont très bien défendus. Le Bottin de 1934, où sont mentionnées, par ordre alphabétique, les personnalités marocaines et françaises qui comptaient dans le pays, a été vendu à 11.500 DH. Quant au livre d'Edmond Doutté, “Missions au Maroc“ (1914), il a été adjugé à 25.000 DH. Le meilleur score de la vente inaugurale a été toutefois réalisé par un tableau du peintre Henri Pontoy : 550.000 DH. Quelles conclusions tirer de cette vente ? Il existe au Maroc des amateurs qui ne lésinent pas sur les moyens pour s'approprier des objets d'art. La majorité des lots, au nombre de 108, ont trouvé acquéreurs. Pour les sociologues, ce terrain encore en friche est un sujet de prédilection pour nous en apprendre plus sur les Marocains qui achètent des œuvres d'art. Quant aux initiateurs de la salle de la Compagnie marocaine des œuvres & objets d'art (CMOOA), ils ont eu raison de prendre des risques en ouvrant une maison de vente dans un pays où le commerce des biens culturels est soit informel, soit déréglé. Une salle de ventes est un établissement indispensable dans tous les pays où les objets d'art ont de la valeur. Aux responsables de cette salle de diversifier les lots. Ils seraient fondés d'organiser une vente de peinture moderne. Ne serait-ce que pour nous permettre de connaître la vraie cote des peintres marocains.