ALM : Est-il vrai que vous avez refusé de coopérer avec la commission d'enquête? Najib Mikou : Dans le rapport de 82 pages qui a été distribué aux groupes parlementaires, la commission d'enquête a cité l'intégralité d'une séance d'écoute qu'elle a eue avec moi. Je les félicite pour avoir repris quasiment tout ce que j'ai dit. Le premier enseignement qu'il faut retenir, c'est que je me suis présenté devant la commission en donnant le fond de la réalité. Le deuxième élément, c'est que ce dossier ne date pas de la création de la commission d'enquête. C'est plutôt moi qui a provoqué ce dossier puisque j'avais demandé juste après ma nomination au ministre de tutelle de dépêcher l'IGF (Inspection générale des finances) pour me donner un état des lieux fiable et précis de ce qui se passe à l'OCE. Le premier rapport de l'IGF a été remis le 30 mars 2010 puis il a eu un droit de réponse des cadres de l'OCE. L'IGF va par la suite présenter un rapport définitif en février 2011. Ce dernier nous a été adressé par le ministre des finances à l'époque qui nous demandait de rétablir l'OCE dans ses droits. Le ministre du commerce extérieur et moi-même avons alors demandé l'avis de l'agence judiciaire du Royaume. L'agence nous a demandé de lancer immédiatement une poursuite en justice. Deux avocats ont été désignés et le dossier a été remis entre les mains de la justice. J'ai été par la suite reçu par la commission d'enquête et je l'ai informé de mon initiative de saisir l'IGF. Le 8 juin, la commission a envoyé un courrier au ministre du commerce extérieur demandant un certain nombre de documents. Le courrier m'a été transféré pour préparer les documents s'étalant sur la période de 1965 à 2011. Chose que nous avons faite. Le ministre du commerce a été saisi par la Primature qui a reçu une consultation de la part du ministre de la justice qui n'est autre que Feu Taib Naciri affirmant que la commission d'enquête arrête ses travaux puisque l'affaire est devant la justice. Devant cette situation, le ministre du commerce a sursis l'envoi de ces documents à la commission. Vous avez reçu par la suite la commission d'enquête… J'ai avisé le ministre de tutelle de l'arrivée de la commission d'enquête, il m'a dit qu'il y a une nouvelle lettre du ministre de la justice qui confirme et soutient la première lettre par laquelle on n'a pas envoyé les documents. J'ai reçu la commission en demandant de filmer la séance d'écoute. J'ai montré aux membres de la commission la lettre envoyée par le ministre de la justice. J'ai tout de même répondu en off aux questions de la commission. Est-ce que vous êtes d'accord avec toutes les conclusions de la commission d'enquête ? En dehors des péripéties juridiques et de certaines données pas du tout actualisées, je tiens à féliciter la commission pour le travail très dense qu‘elle a réalisé. D'ailleurs, la commission d'enquête s'est basée à plus de 90% de son travail sur le rapport de l'IGF et je dois rappeler que c'est moi le commanditaire de ce rapport. Par contre, il y a des informations qui ne sont pas actualisées par rapport à des créanciers et des employés de l'Office. Des producteurs ont déjà payé et d'autres avec qui nous avons déjà signé des conventions d'arrangements par le biais des sociétés de recouvrement à qui j'ai remis l'ensemble des dossiers des créanciers sans aucune distinction quelle que soit la position de chacun de cette liste. On a pu récupérer 12 millions de dirhams et j'ai pu négocier en la présence des sociétés de recouvrement jusqu'à 86 millions de dirhams. Qu'en est-il des avantages outranciers pour certains fonctionnaires ? Concernant le personnel, la commission a donné des informations fortes et elle a ainsi montré que le salaire d'un contractuel qui ne correspond pas à la réalité puisque celle-ci est beaucoup plus importante. Le rapport ne dit pas aussi que les deux fonctionnaires dont il est question, se sont déjà vu leurs contrats résiliés avec l'Office. Le rapport parle également de biens bradés… A partir du rapport de l'IGF réalisé en 2010, plus rien n'a été vendu ou cédé notamment les biens de l'association des œuvres sociales. Il faut savoir que le rapport de la commission n'a pas donné les dates des cessions des biens vendus. Ces mêmes cessions ont été faites toutes avant mon arrivée à l'OCE.