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Nadia Larguet s'adapte bien au noir des placards
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 23 - 02 - 2004

L'émission «Bande à part» de Nadia Larget a été suspendue, peu de temps après la nomination d'un nouveau directeur à la tête de 2M. Avec le franc-parler qui la caractérise, Nadia Larguet s'explique sur le pourquoi de «sa mise au placard» et clarifie au passage certaines choses qui ne feront pas plaisir à tout le monde.
Aujourd'hui le Maroc : De nombreuses personnes s'interrogent sur les raisons de la suppression de votre émission “Bande à part“. Avez-vous des éléments de réponse à ce sujet ?
Nadia Larguet : Avec beaucoup d'humour, je pourrais répondre que la principale concernée n'en sait pas plus que les autres. Le nouveau directeur général de 2M m'a expliqué que mon émission était trop élitiste et qu'il fallait la rendre populaire. C'est tout ce que je sais! Cela s'est passé peu de temps après la nomination de M. Benali à la tête de 2M. J'ai demandé un rendez-vous pour en apprendre plus sur ce que veut dire une émission populaire. Je n'ai pas eu de réponse. J'ai déposé à la fin du mois de décembre le concept d'une nouvelle émission hebdomadaire à laquelle la direction n'a pas encore donné de suite. J'ai demandé un autre rendez-vous avec le directeur et j'attends toujours.
Comment expliquez-vous ces fins de non-recevoir que la direction de 2M oppose à vos demandes ?
Je ne peux rien expliquer. En revanche, je trouve inadmissible que la direction d'une chaîne de télévision refuse de recevoir un producteur-animateur. Il est également inacceptable que cette direction ne veuille pas lui donner des explications au sujet de la suppression de son émission. Cela fait six ans que je travaille pour 2M. La moindre des politesses consiste à me recevoir pour m'expliquer clairement le sort réservé à mon émission et à mon avenir dans la chaîne. Dans la lettre que j'ai adressée à la direction, je laisse les portes ouvertes à toutes les possibilités. Y compris à un accord à l'amiable. Mais, apparemment, on préfère me mettre au placard.
Vous n'avez pas mentionné la possibilité d'un règlement de comptes, au regard de vos rapports privilégiés avec Noureddine Saïl, l'ancien directeur de 2M…
Je ne préfère même pas envisager cette possibilité. Autrement, ce serait très grave. On ferait alors payer à une animatrice, dont la compétence n'est pas à prouver, son choix de vivre avec un homme qui ne plaît pas à la nouvelle direction. Je suis d'ailleurs un peu rassurée en regardant autour de moi.
Je ne suis pas la seule enfermée dans un placard. C'est le cas de nombreux animateurs et journalistes. Avec chaque nouvelle direction, il y a des placards. La nouveauté cette fois-ci, c'est qu'on ne convoque pas les gens pour leur expliquer pourquoi ils ont été écartés.
Comment vivez-vous cette attente ? Ne craignez-vous pas l'usure ?
Je me suis fait à mon rythme de placardée. Je suis payée pour ne rien faire. Chaque jour, je me rends à 2M. J'y passe en moyenne cinq heures. Je surfe sur Internet, je lis. S'ils espèrent me voir craquer avec le temps, autant les prévenir tout de suite : ils se trompent ! Je suis forte et j'en ai vu bien d'autres pour me laisser impressionner par le noir d'un placard. J'ai le courage de mes opinions et de mes choix. Non, ils ne m'auront pas ! Je trouve d'ailleurs dommage que la direction d'une chaîne aussi importante que 2M n'essaie pas de prendre le taureau par les cornes et de trouver un accord avec les personnes qu'elle a écartées.
Comment réagissent les téléspectateurs à la suppression de “Bande à part“ ?
Je suis inondée de mails de sympathie. Il faut savoir que cette émission faisait en moyenne 1 million de téléspectateurs. Parmi ceux qui la regardaient, de nombreuses personnes sont issues de milieux, dits justement populaires. Je trouve dommage que ces téléspectateurs fassent les frais des décisions arbitraires d'une chaîne.


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