Cette année, les Marocains résidant à l'étranger ayant traversé le détroit de Gibraltar à destination du Maroc sont moins nombreux. Selon les statistiques de la protection civile espagnole du 15 juin au 10 juillet 2012, le nombre de passagers a baissé de 15,8% par rapport à la même période de l'année précédente. Au total, 419.380 passagers et 108.168 véhicules sont rentrés au Maroc, contre 498.203 passagers l'année précédente, soit 78.233 passagers de moins. Cette tendance baissière se confirme au niveau du trafic total qui a enregistré une régression de 17%. Une situation qui soulève plusieurs interrogations quant aux raisons qui expliquent cette baisse des visiteurs. La crise économique n'est pas à écarter. Les Marocains, très nombreux en Europe notamment en France, en Espagne et en Italie, subissent de plein fouet les effets de la crise et les politiques d'austérité mises en place par les gouvernements de ces pays pour réduire leur déficit public. Ces politiques de rigueur ont directement impacté sur le marché de l'emploi et le pouvoir d'achat. Et les Marocains comme le reste des travailleurs étrangers sont les premiers à être touchés par le chômage. Prenons pour exemple le cas de l'Espagne. Sur les 800.000 Marocains établis légalement en Espagne, plus de 280.000 (183.200 hommes et 99.400 femmes) sont au chômage, selon une étude de l'institut espagnol Colectivo Loé, menée pour le compte du CCME. Avec des allocations de chômage insuffisantes pour les faire vivre, les Marocains sans emploi n'ont d'autre choix que de rester dans leur pays d'accueil. Mais le ministère chargé des Marocains résidents à l'étranger ne voit pas les choses de la même manière. «Cette baisse n'est pas attribuable à la crise économique. Il suffit de jeter un coup d'œil sur les transferts des MRE qui sont en hausse», affirme Mohamed Bernoussi, secrétaire général du ministère chargé des MRE. Pour ce dernier, le véritable problème se pose au niveau des prix des billets d'avion. «Bon nombre de familles nombreuses ne peuvent pas se rendre au Maroc en raison des billets d'avion trop chers», note-t-il. Malgré ceci, les MRE préfèrent prendre l'avion. «Depuis le début de l'opération, nous avons observé une hausse du trafic aérien. Près de 44% des MRE ont emprunté l'avion», précise M. Bernoussi. S'agissant des véhicules, M. Bernoussi ne manque pas de relever que beaucoup de MRE retraités préfèrent rentrer leur véhicule au Maroc. D'autant plus qu'ils bénéficient d'un abattement de 85% au véhicule personnel. Par ailleurs, cette chute des arrivées peut s'expliquer avec le mois du Ramadan qui à l'instar de l'année précédente tombe en été. Si certains MRE préfèrent passer le Ramadan en famille, d'autres ont choisi de retarder leurs vacances pour être présents le jour de l'Aid. Parmi les autres facteurs, il faut aussi relever «l'effet Comarit» qui explique en partie la baisse du trafic. D'après le document de la protection civile espagnole, la ligne maritime Alméria-Nador qui était assurée par la Comarit a enregistré la baisse la plus importante tant au niveau des passagers que des véhicules. Le nombre de rotations des ferrys sur cette ligne a baissé de 45,9%. Il en va de même pour le nombre passagers et de véhicules ayant fréquenté cette ligne qui a baissé de 57,5 et 55,1% par rapport à la même période l'an dernier. «La Comarit n'a eu aucun impact sur le trafic maritime. Les ferrys sont disponibles. En revanche, il est vrai que les prix des billets ont augmenté à cause du prix du fuel qui n'a cessé de grimper», conclut M. Bernoussi. Sur les 5 millions de MRE établis à l'étranger, 2,4 millions sont entrés l'an dernier au Maroc durant la période allant du 1er mai au 30 septembre, un chiffre qui pourrait être difficile à atteindre cette année. Ce qui a été fait pour réussir Marhaba 2012 L'opération Marhaba 2012 a débuté le mardi 5 juin 2012 à zéro heure. Cette année seraient mis en place 16 espaces d'accueil pour accompagner l'intensité du trafic autant maritime qu'aérien qu'enregistre régulièrement cette opération, notamment en cette période de l'année. Dans les 16 espaces aménagés par la Fondation, plus de 400 assistantes sociales, médecins, cadres paramédicaux et volontaires sont au service et à l'écoute des Marocains résidant à l'étranger et sont mobilisés pour les assister et leur fournir les secours nécessaires. Ainsi, une aire de repos Tanger Méditerranée sera mise à la disposition des MRE venus passer leurs vacances au bled. Cet espace est situé à l'intersection des autoroutes menant à la ville de Tanger et le port de Tanger Med avec une ouverture sur la route nationale menant à Tétouan. A cela s'ajoutent des sites d'accueil de Bab Mellilia et des aéroports d'Agadir Al Massira et de Fès Saïss, nouvellement ouverts en 2011. D'après un communiqué de la Fondation Mohammed V , «pour la sensibilisation et l'information des voyageurs, des guides rédigés en 7 langues, arabe, tifinagh, français, espagnol, italien, néerlandais et allemand sont mis à leur disposition». A noter que ces guides pourraient être obtenus auprès des consulats, des agences bancaires en Europe, des agences de Royal Air Maroc et de ses partenaires, des agences des sociétés de transports et sur les bateaux assurant la liaison entre l'Europe et le Maroc ainsi qu'au niveau de tous les sites de la Fondation. MRE et crise économique La crise économique qui touche plusieurs pays européens a eu un impact très important sur la communauté de migrants marocains, notamment en Espagne et en Italie. Il s'agit des pays les plus touchés par la crise économique et financière sans précédent qui frappe le Vieux Continent. En Espagne où le taux de chômage atteint 24% aujourd'hui, contre 8% en 2008, les Marocains subissent les premiers les résultats des difficultés économiques de ce pays. La situation est d'autant plus délicate que deux secteurs qui emploient un grand nombre de ressortissants marocains rencontrent beaucoup de problèmes, en l'occurrence l'immobilier et l'agriculture. Mais les salariés marocains dans la presqu'île ibérique doivent également faire face à l'arrivée massive des immigrés des pays de l'Europe de l'Est. En Italie, la situation n'est pas encore dramatique, mais le taux de chômage parmi la communauté marocaine a sensiblement augmenté, notamment dans le Nord qui a, pendant longtemps, été la force industrielle de l'Italie. Les destinations des MRE Pendant longtemps, la France était la première destination des travailleurs marocains. Les premières vagues d'immigrés sont arrivées à la fin des années 50 dans ce pays. Aujourd'hui, la communauté marocaine installée en France est estimée à 1,2 million de personnes, l'une des plus importantes après celle de l'Algérie. Pour sa part, l'Espagne est une destination nouvelle pour les expatriés marocains. Les premiers immigrés arrivent dans ce pays à la fin des années 80 alors que l'Espagne vit un véritable boom économique. Ils seraient aujourd'hui plus de 800.000 Marocains à vivre dans la péninsule ibérique, soit la première communauté non-européenne chez notre voisin du Nord. L'Italie est également une destination relativement nouvelle. Ce pays n'a pas imposé un visa pour l'entrée sur son territoire pour les Marocains qu'en 1990 avec la fameuse loi Martelli. Ils sont actuellement pas moins de 600.000 Marocains à vivre en Italie.