Reconnu coupable du viol de deux femmes mariées, au douar Ch'touka, dans la région d'Azemmour, Mohamed a été condamné à trois ans de prison ferme. Chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida. Mohamed se tient, en ce jour du début du mois de février, devant les magistrats. Le président de la Cour appelle les deux victimes. Il semble qu'elles n'aient pas répondu à la convocation de la cour. Effectivement, il est très difficile pour elles, mères de famille, de se présenter à la salle d'audience, devant une assistance. Elles ignoraient qu'elles avaient le droit de réclamer une audience à huis clos et ont par conséquent choisi de s'absenter. “Tu es accusé de viol et de menace à l'arme blanche“, affirme le président de la cour à Mohamed. Il a trente-trois ans, célibataire et sans profession. Mohamed n'a jamais mis les pieds dans une école. Bref, il est analphabète. Depuis son adolescence, il passe son temps dans les champs de la région de Ch'touka. Soit il travaille, soit il discute avec ses voisins du douar. Mais, il semble qu'il passe la majorité de son temps à rôder dans les champs et à guetter ses voisins. Pourquoi ? Personne ne savait au juste. Il fallait attendre l'été dernier pour qu'il soit dévoilé. Qu'est-ce qu'il perpétrait au juste ? Il violait sans pitié et ne choisissait ses victimes que parmi les femmes mariées dont les époux travaillaient hors du douar. “Non, Monsieur le juge, je n'ai jamais violé une femme“, tente Mohamed de se disculper devant les magistrats. Seulement, les éléments de la gendarmerie royale d'Azemmour ont attesté dans les procès-verbaux que Mohamed avait reconnu les accusations que les plaignantes lui reprochent. Selon le dossier de l'affaire, Mohamed connaît, comme tous les autres habitants du douar, les hommes qui travaillent ailleurs, laissant leur femmes et leurs enfants seuls et ne revenant qu'en fin de semaine ou de mois. En conséquence, une idée satanique lui a germé dans la tête. Pourquoi ne pas satisfaire ses besoins sexuels en s'adressant à ces femmes ?, pense-t-il. Il n'a pas pensé à s'adresser à elles directement ou en essayant de les séduire. Mais en leur sautant dessus comme une bête. Sans vergogne, il a passé à l'acte en s'adressant à la première femme. Cette dernière, mère de quatre enfants, a été surprise, une nuit, par une personne étrangère qui est venue partager son lit avec elle et lui a demandé de se taire, sans réagir. La personne n'a pas hésité à lui mettre un couteau sur la gorge, menaçant de la tuer si elle n'obtempérait pas. Quelle est la solution ? Elle n'avait d'autre choix que d'obéir, sans pouvoir opposer la moindre résistance. Mohamed a commencé par lui demander d'ôter ses vêtements... Après avoir abusé d'elle, il lui a demandé de ne rien dévoiler à son mari et de ne pas aller voir les gendarmes. Sinon il la tuerait, la menace-t-il. Mohamed est sorti du lit, s'est acheminé vers le mur entourant la maison pour l'escalader et retourner chez lui calmement, sans bruit. Dix jours plus tard, il a récidivé avec une autre femme, mère d'un enfant de quatre mois. Il a, cette fois aussi, escaladé le mur entourant la maison et est entré à l'intérieur sans attirer l'intention de qui que ce soit. A pas lents, pour ne réveiller personne, il s'est glissé près de la femme et l'a violée sous la menace d'un couteau avant de disparaître. Seulement, cette deuxième victime n'a pas gardé le mutisme. Une fois son mari de retour, en fin de semaine, elle lui a tout raconté. Le mari s'est rendu illico chez les gendarmes d'Azemmour pour déposer plainte. Une fois que l'époux de la première femme a appris l'arrestation de Mohamed, il s'est rendu lui-aussi chez les gendarmes pour leur affirmer que son épouse était également une victime de Mohamed. Seulement, celui-ci a continué à nier tous les faits qui lui sont reprochés. “Au moment où elles ont dit que je les ai violées, j'étais au douar Oulad Ghanem et non pas à Ch'touka“. Toutefois, la cour ne l'a pas cru, notamment en s'appuyant sur les témoignages de deux personnes attestant qu'il était à Ch'touka. Prenant la parole, le représentant du ministère public a jugé Mohamed coupable et a requis la peine maximale. Pour sa part, l'avocat de la défense a affirmé que son client n'a jamais touché les deux femmes. Pourquoi l'accusent-elles ? L'avocat n'a, certes, pas de réponse. Après les délibérations, la cour a condamné Mohamed à trois ans de prison ferme.