«75% de la mortalité et des handicaps de nos bébés peuvent être réduits en respectant les gestes simples des 4 chaînes de vie». Au Maroc d'aujourd'hui, le taux de mortalité infantile demeure très élevé. Annuellement, sur les 600.000 bébés qui viennent au monde, plus de 10.000 le quittent à la naissance et près de 25.000 sont handicapés à vie. Pour éviter ce drame, il aurait suffit qu'ils soient pris en charge dans de bonnes conditions durant les trois premières minutes après l'accouchement. Inconcevable et pourtant vrai. Ces 10.000 âmes auraient pu être sauvées par de simples gestes : la chaleur, l'allaitement maternel, l'hygiène et l'oxygène. «75% de la mortalité et des handicaps de nos bébés peuvent être réduits en respectant les gestes simples des 4 chaînes de vie. Cela représente des milliers de bébés chaque année» note Meryem Othmani, vice- présidente de l'association Al Hayat lors du lancement du projet «Les Quatre Chaînes de Vie». D'après cette association, la première chaîne de vie pour un nouveau-né est la chaleur. «Un bébé vient au monde mouillé, il a connu une température de 37,5 à 38 degrés dans le ventre de sa maman. Il suffit donc de le sécher avec un linge propre, sec et chaud et de préserver une atmosphère de 25 degrés en salle d'accouchement pour qu'il ne devienne pas handicapé ou qu'il ne meure», lit-on sur le plaidoyer de cette ONG. En effet 90% des bébés mouillés meurent car leur température baisse à 34 degrés au bout de sept petites minutes. A côté de cela, un bébé a besoin de nutriments pour survivre et seul le sein de sa mère peut lui apporter exactement ce dont il a besoin. «l'enlever à sa maman et lui donner de l'eau sucrée ou du lait de vache même «maternisé» lui ôtent des chances de survie», explique un membre de l'association. Malheureusement, sur ce point-là, les mamans restent insuffisamment sensibilisées au même titre que les aides-soignants qui, pour eux, ceci devrait figurer dans le b.a.-ba de leur formation. Le froid et la privation du lait maternel peuvent causer la mort du bébé. Le manque d'oxygène aussi. A la naissance du bébé, sa bouche et son nez sont souvent encombrés par des sécrétions qui bloquent sa respiration et peuvent causer sa mort. 5 à 10% des nouveau-nés ne respirent pas à la naissance et devraient être aidés pour le faire. Pour cela, il faut juste aspirer sa bouche puis son nez, souvent avec une petite poire de quelques dirhams ou au pire avec un doigt enroulé dans de la gaze. En cas de non assistance, le cerveau reste sans oxygène et le processus de destruction des neurones commence causant ainsi sa mort ou, en cas de survie, son handicap à vie. A cet effet, il faut noter qu'au Maroc, un ménage sur 4 compte parmi ses membres un handicapé. Un chiffre angoissant qui peut être considérablement réduit si l'équipe soignante qui se charge de son accueil au monde se dote du professionnalisme requis. En outre, plus de 20% des infections du nourrisson sont acquises lors de la période périnatale et sont responsables de 30 à 40% des décès néonataux. Ici, la responsabilité incombe encore une fois à l'équipe sanitaire. Il suffit d'une hygiène élémentaire à base d'eau et de savon pour protéger ces nouveaux-nés des maladies mortelles. En effet, pour détruire 99% des bactéries, il suffit de se laver les mains à l'eau et au savon et les avant-bras jusqu'au coude chaque fois qu'on va s'occuper d'un bébé. Cela ne coûte rien et peut sauver des milliers de vies. Pour arriver à sauver la vie de ces 10.000 nouveaux-nés. L'association Al Hayat-Chaîne de Vie mise gros sur la société civile et les parents. Autrement dit, ces derniers doivent servir de gardes-fous et dénoncer tout non-respect de cette chaîne vitale.