Les ouléma dénoncent leur exclusion des commissions régionales. Pour sa part, le CNDH jette la balle dans le camp des ouléma en leur reprochant de ne pas avoir répondu aux invitations qui leur auraient été adressées. Le courant ne passe plus entre le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et le Conseil supérieur des ouléma. Et pourtant, il s'agit de deux institutions constitutionnelles appelées à œuvrer de concert dans un certain nombre de domaines, notamment ceux relatifs à la défense et à la protection des droits de l'Homme, étant donné que le dahir portant création du CNDH prévoit obligatoirement la représentation des ouléma au sein de ce mécanisme national de protection des droits humains et des libertés. Point de discorde : le Conseil des ouléma, dirigé par Mohamed Yssef, se dit non représenté au sein du CNDH présidé par Driss El Yazami. Et l'installation, durant le mois courant, des commissions régionales des droits de l'Homme relevant du CNDH n'a constitué que la goutte qui a fait déborder le vase. Selon des sources concordantes, les ouléma ne sont pas représentés au niveau des commissions de Béni Mellal-Khouribga, Al-Hoceima-Nador, Marrakech, Oujda-Figuig, Casablanca-Settat et Ouarzazate-Agadir. D'après des sources bien informées, les ouléma auraient même boycotté les cérémonies d'installation des commissions régionales. A noter que selon un communiqué du CNDH, rendu public récemment, ces commissions régionales doivent comprendre des ouléma, entre autres corps associatifs et de métier, d'où la polémique. De l'un et de l'autre côté, on se jette la responsabilité. Les ouléma dénoncent leur exclusion des commissions régionales. Pour sa part, le CNDH jette la balle dans le camp des ouléma en leur reprochant de ne pas avoir répondu aux invitations qui leur auraient été adressées. «Il s'agit là d'une question très importante. Le Maroc est un Etat musulman. C'est la loi fondamentale du Royaume qui le dit. Il faut qu'il y ait une référence islamique au sein de ces Commissions régionales des droits de l'Homme à travers la représentativité des ouléma», indique une source au sein du ministère des habous et des affaires islamiques qui a préféré garder l'anonymat. Omar Mouhssine, président du Conseil des ouléma d'Anfa à Casablanca, tient pour sa part à nuancer. «J'ai personnellement assisté à la cérémonie d'installation de la Commission régionale des droits de l'Homme à Casablanca. Il vaudrait mieux que les ouléma soient représentés au sein de ces instances locales», indique-t-il. «Mais, il ne faut pas perdre de vue que le dahir portant création du CNDH exige la présence des ouléma au sein de cette institution de protection des droits de l'Homme et pas obligatoirement au niveau des Commissions régionales», ajoute-t-il. Contacté par ALM, Mohamed Yssef a refusé, pour sa part, de se prononcer sur cette affaire. «Ceci est dénué de tout fondement», réplique Mohamed Sebbar, SG du CNDH (voir entretien page 5). «Le CNDH ne peut exclure aucune catégorie», précise-t-il. Le CNDH affirme dans ce cadre qu'il aurait invité les conseils régionaux des ouléma à présenter leurs candidats et certains de ces derniers «n'ont pas encore répondu à nos appels».