Pour la plupart de ceux qui ont répondu à l'appel, c'est la volonté de presser le gouvernement de mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles relatives à la langue amazighe qui a sous-tendu leur adhésion. Le mouvement amazigh a fait, dimanche à Rabat, la preuve de sa capacité à mobiliser les foules en organisant des manifestations auxquelles ont participé des centaines de jeunes aux cris de l'amazighité, fonds identitaire du plus grand nombre. Après un rassemblement populaire au cours duquel deux ou trois cents jeunes ont été harangués par des responsables du mouvement culturel, les protestataires ont marché en direction du centre-ville et de l'ambassade de Libye devant laquelle ils ont observé un sit-in en solidarité avec les Amazighs de ce pays. Interrogé à ce sujet, un des porte-parole du mouvement a laissé entendre que ce rassemblement devant l'ambassade d'un pays arabisant au point de vouloir formater ses propres spécificités culturelles est une mise en garde à l'adresse du gouvernement de Benkirane. «C'est un message fort en direction de ces islamistes qui confondent arabité et islamisme et qui, plus ou moins consciemment, pensent que les Tadjiks ou les Sénégalais ne peuvent prétendre à faire partie de la Oumma», a déclaré un des participants à la marche. Cependant, pour la plupart de ceux qui ont répondu à l'appel à manifester dimanche, c'est la volonté de presser le gouvernement Benkirane de mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles relatives à la langue amazighe qui a sous-tendu leur adhésion. «Nous savons ce que le PJD pense de l'amazighité et pour nous il n'est pas question d'aliéner nos droits, quel que soit par ailleurs le référentiel du gouvernement en place», a avoué un groupe de militants de base. Trois courants ont participé aux manifestations du dimanche, a affirmé Rachid Raha, ancien président du «Congrès mondial amazigh» et l'un des responsables qui ont supervisé la protestation de Bab El Had. Outre les militants en faveur de la reconnaissance de l'amazighité et de l'officialisation de la langue amazighe, y ont en effet pris part des jeunes du Mouvement du 20 février et des associatifs de divers horizons. Raha a ajouté que l'action revendicative de son mouvement s'est assigné comme objectifs de faire du Jour de l'an amazigh une fête nationale, d'obtenir la libération des militants de la cause amazighe arrêtés à Meknès - qu'il a qualifiés de détenus politiques- et d'accélérer le processus d'officialisation de la langue berbère. Il a, en outre, laissé entendre que les actions qui ont été menées dimanche n'ont pas été préparées, mais simplement convenues sur Facebook et qu'elles seront suivies d'autres manifestations plus concertées dans un futur proche.