ALM : Que pensez-vous du vote par procuration ? Nezha El Ouafi : L'article 72 de la loi organique instituant le vote par procuration est un point qui a attisé la colère des MRE. La Coalition des associations des MRE a publié dans ce sens un mémorandum à l'adresse du Conseil constitutionnel contre les dispositions de cet article. Malheureusement, l'arrêt du Conseil constitutionnel concernant la loi organique n'a vu en cet article aucune contradiction avec la Constitution. Ainsi le vote par procuration a été consacré comme une exception pour l'ensemble des Marocains de la métropole et une règle pour les MRE. Ce qui est à notre sens contraire à la logique de l'étape délicate et décisive que vit le Maroc. Que reprochez-vous à la loi organique sur la Chambre des représentants ? La loi organique sur la Chambre des représentants n'est pas venue avec des dispositions spéciales et une nouvelle vision pour la gestion du dossier des Marocains résidant à l'étranger. Ainsi aucun représentant des MRE ne siègera au prochain Parlement, alors que ce dernier débattra, entre autres programmes, du budget, du bilan, d'institutions qui traitent du sort des MRE, tels le ministère des MRE, le Conseil consultatif des MRE et le ministère des affaires étrangères. Ceci cantonne ces institutions à une approche traditionnelle se limitant à répondre aux besoins culturels et communicationnels des émigrés. Elles omettent la valeur ajoutée des MRE, leurs apports en aptitudes et savoir-faire intellectuels et professionnels. On ignore ainsi des générations de Marocains qu'il faut au contraire intégrer et impliquer dans le développement du pays, dans le cadre notamment du chantier de la régionalisation avancée et pour un véritable entretien des liens des MRE avec leurs racines. Ceci s'oppose à l'esprit de la nouvelle Constitution appelant à une approche participative, mobilisant toutes les composantes de la société, notamment les MRE. Que proposez-vous comme mesure pour une meilleure représentativité des MRE? Il faut l'établissement de circonscriptions à l'étranger pour qu'il y ait des représentants des MRE dans les institutions législatives nationales. Un pays comme la Tunisie prévoit cela pour ses expatriés. Aussi, le Maroc permet aux résidents étrangers de voter lors des échéances de leurs pays d'origine, alors que nos citoyens à l'étranger votent par procuration. Ceci dans un contexte où l'on voit par exemple des gens comme le député Thierry Mariani vouloir interdire à travers une pétition le vote aux étrangers lors des élections municipales.