Roger Milla a suivi, mardi dernier, la rencontre qui a opposé les Lions Indomptables du Cameroun aux Pharaons d'Egypte au stade Mustapha Ben Jannet à Monastir. L'ancien capitaine camerounais analyse le niveau général de la compétition et décortique la prestation de la sélection marocaine. Aujourd'hui Le Maroc : Que pensez-vous de la rencontre qui a opposé les sélections camerounaise et égyptienne ? Roger Milla : Cette rencontre constituait le choc du premier tour au sein du groupe C parce que les deux sélections avaient le sacre final en ligne de mire. Par conséquent, elles étaient données favorites de la poule. Leur face-à-face, le dernier du premier tour, aura été d'un très grand niveau sur le plan physique et tactique. Mais il se trouve que l'Algérie a joué le rôle d'un trouble-fête pour ces deux équipes. Le nul contre les Lions Indomptables, suivi de la victoire au détriment de l'Egypte ont chamboulé la donne. Sans cette défaite face aux Fennecs, les Egyptiens auraient joué mardi une rencontre sans trop de pression. Cette confrontation face au Cameroun constituait à leurs yeux une question de vie ou de mort. Ils se devaient de remporter la victoire. Pour ce qui est de l'équipe du Cameroun, elle se trouvait également dans l'obligation de gagner pour éviter toute surprise, ce qui a influé sur son jeu. Le nul réalisé arrange les affaires des Camerounais, mais oblige les Egyptiens à quitter la compétition. Comment évaluez-vous le niveau de cette Coupe d'Afrique des Nations ? Le fait marquant de cette édition est la bonne prestation de plusieurs équipes qui participent pour la première fois à une Coupe d'Afrique des nations, ou qui ne figuraient pas sur la liste des favoris de leurs groupes. Prenons l'exemple de la sélection rwandaise et de son homologue zimbabwéenne. Les deux célèbrent leur baptême du feu en CAN. Et pourtant, elles ont joué sans complexe d'infériorité et fourni un très bon football. Elles ne sont pas rentrées chez elles les mains vides puisqu'elles ont glané les trois points de la victoire, contre le Congo pour la première et face à l'Algérie pour la seconde. Quelles seraient, selon vous, les équipes favorites pour le sacre final ? Il est prématuré d'émettre des pronostics. Plusieurs scénarios sont possibles, avec des équipes fortes sur la scène footballistique africaine, et d'autres qui le sont moins. Ces équipes sortent à peine du premier tour et leur vrai visage n'a pas encore été découvert. A présent que la qualification au prochain tour est directe, elles se donneront à fond pour pouvoir y accéder. En tout cas, il faut attendre le reste de la compétition pour pouvoir en juger. Comment évaluez-vous la prestation de l'équipe marocaine ? La sélection marocaine a toujours compté parmi les plus grandes équipes africaines, comme en témoigne le nombre de stars qui évoluent dans ses rangs. Il est vrai qu'elle a été obligée de quitter la compétition très tôt lors des deux précédentes éditions. Mais je pense que ces éliminations précoces n'enlèvent rien à sa valeur. Elles étaient essentiellement dues à un excès de confiance de la part des joueurs ou aux choix tactiques erronés des entraîneurs. Pour cette coupe d'Afrique tunisienne, je m'attendais à une très bonne prestation de la part des Lions de l'Atlas qui ont été les auteurs d'un excellent parcours qualificatif. Leur premier match contre les Supers Eagles nigérians est la preuve qu'ils n'ont rien perdu de leur force et qu'ils peuvent aller très loin dans cette compétition. Les joueurs étaient très disciplinés tactiquement et la cohésion entre les différentes lignes était parfaite. Si l'équipe continue sur cette lancée, et j'espère qu'elle le fera, elle serait un prétendant très sérieux au sacre final. • Propos recueillis à Monastir par Fadoua Ghannam