Selon M. Sabri, les marins n'acceptent pas les réformes et ne pensent qu'à leurs intérêts personnels immédiats. ALM : Pourquoi les marins vont-ils entreprendre une marche aujourd'hui? Kamal Sabri : Il s'agit d'une marche pour contester la période de repos biologique dans la pêcherie poulpière, entrée en vigueur depuis le 5 mai interdisant la pêche du poulpe sur tout le littoral marocain. L'instauration de cette période vise à préserver le stock parental et à garantir la reconstitution du stock. Ces tentatives de préservations de la ressource céphalopodière sont vitales pour le secteur. Mais, les marins ne comprennent pas cela, ils ne pensent qu'à leurs intérêts personnels immédiats. Dans ce sens, les autorités se heurtent également au problème des collecteurs qui exploitent une pratique encore de mise dans les ports du pays, à savoir «les formules de déclarations sur l'honneur». Ces pêcheurs illicites restent jusqu'à présent incontrôlés et menacent l'équilibre biologique du poulpe. Qu'en est-il du problème des ressources pour le plan pélagique ? Le plan pélagique est une nouvelle stratégie de préservation des ressources halieutiques du pays. En effet, la surexploitation des ressources en sardine à Safi, Agadir, Tan Tan et Laâyoune a eu un impact très conséquent sur les stocks naturels. Aujourd'hui, nous sommes très loin des productions de 1.500 tonnes de sardines par jour sur l'unique port de Safi. Cela a mené les armateurs et les marins à orienter leurs activités vers le port de Dakhla et bientôt celui de Boujdour mais que feront-ils une fois tous les stocks du pays épuisés ? Le plan pélagique vient donc réglementer le secteur en limitant, par exemple, un quota à pêcher par an ou les places disponibles dans les ports. Il faut éviter ainsi les erreurs du laisser-aller commises par le passé. Pourquoi certains armateurs s'opposent à l'équipement des bateaux en VMS? Toute nouvelle réforme, aussi efficace soit-elle, est d'abord contestée, avant d'être adoptée et louée. C'est le cas de l'équipement des bateaux en VMS prévu par le plan Halieutis. Cela permettra de mieux contrôler les zones de pêche et donc une meilleure préservation des ressources halieutiques et, en même temps, d'assurer les normes de sécurité minimum des pêcheurs. Les personnes qui s'opposent à une telle démarche veulent s'inscrire dans la fraude et ont sûrement quelque chose à se reprocher.