L'Institut français de Marrakech organise, du 6 au 25 février, une exposition sur les parfums de l'Egypte pharaonique. Une fenêtre sur l'histoire de la cosmétique, 2.500 ans avant Jésus-Christ. Les contemporains de Memphis et de Toutakhamon ne savaient pas que construire des pyramides. La puissance de leur art se décelait aussi dans la perception des senteurs et des nuances. Il y a 2 000 ans avant Jésus Christ, les Egyptiens maîtrisaient les sciences de la chimie et des parfums. La cosmétique que se disputent aujourd'hui de grandes marques n'avait pas de secret pour les ménagères d'Egypte qui savaient fabriquer des crèmes hydratantes et des onguents médicinaux. Certainement, la peur de vieillir tenaillait déjà les femmes de l'époque puisque des recherches prouvent aussi que les belles égyptiennes avaient inventé des crèmes hydratantes et se maquillaient avec du khôl. C'est toute cette partie cachée à l'ombre des pyramides que veut révéler l'Institut français de Marrakech qui expose sur les parfums d'Egypte. L'événement initié par le centre culturel français en Egypte et le centre de recherches et de restauration des musées nationaux se déroule le mois prochain. Il s'agit d'un véritable retour à l'ère et la splendeur des Pharaons. Cette exposition présente à travers ses panneaux et ses ateliers, les connaissances de l'Egypte des temps anciens en matière de parfumerie et de cosmétique dans leurs différentes utilisations : beauté, rites religieux, médecine thérapeutique. L'exposition se propose aussi de familiariser les visiteurs avec le monde de la parfumerie, de tester la finesse de leur nez tout en découvrant les objets et accessoires inventés au temps des Pharaons. Des inventions que d'aucuns rangent dans notre époque, comme les trousses de maquillage, les palettes à parfum, existaient déjà il y a des siècles. Témoin de cette époque ancienne, le kiphi, fameux parfum pharaonique, reconstitué par le « nez de Sandrine Videault » avec l'appui de l'Oréal Recherche. L'exposition itinérante s'est déroulée au musée du Caire, à celui du Louvre à Paris et au musée de la Vieille Charité à Marseille. L'opération s'inscrit dans le cadre d'une initiative intitulée Parfums d'Egypte présentée à l'initiative du CFCC du Caire qui a souhaité rendre compte des découvertes scientifiques récentes sur les parfums et cosmétiques de l'Egypte ancienne. Au Caire, une bonne partie de l'exposition a été réservée aux enfants qui ont admiré l'art de vivre pharaonique au musée d'art islamique et au souk de Fustat. Ce projet est né de recherches scientifiques récentes. Des travaux effectués en France et en Egypte ont, en effet, mis en évidence la richesse et l'importance de la cosmétique dans l'Egypte ancienne. Ces recherches ont commencé en 1996 quand le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France et l'Oréal Recherche se lancent dans l'analyse des minéraux et matières grasses contenues dans des fards conservés par le département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Des travaux qui avancent à un rythme routinier, sans coup d'éclat jusqu'à cette découverte essentielle : ces fards antiques ne se réduisent pas aux poudres de différents minéraux mais sont mélangés à des liants gras qui servaient à fabriquer des onguents et des fards dans les mêmes proportions que nos crèmes modernes . De plus, les fards anciens, à l'inverse des modernes, avaient une dimension thérapeutique et servaient comme désinfectants et fongicides… Les matières odorantes avaient une grande part dans les rites funéraires de l'ancienne Egypte et les offrandes aux dieux. Les Grecs ont développé les onguents médicinaux à base d'une plante aromatique, avant que les Arabes, maîtres du commerce des épices et des poudres odorantes, ne donnent une poussée décisive avec la chimie qui a révolutionné définitivement les parfums. L'exposition de Marrakech offre donc un concentré de cette extraordinaire évolution, à travers les connaissances des Egyptiens. Une belle manière de constater qu'au fond, l'homme n'a pas tellement changé sur ses goûts.