Quelques mois avant la célébration du premier anniversaire du bouquet Canal+ au Maroc, Bruno Thibaudeau, directeur Maghreb de Canal Overseas, explique sa stratégie pour se positionner sur le marché Marocain. ALM : Cela fait moins d'une année que le bouquet Canal+ s'est implanté au Maroc? Quel bilan en faites-vous? Bruno Thibaudeau : Le bilan est positif, parce que le Maroc est en plein changement. Il s'y passe beaucoup de choses, et on pense que le bouquet Canal+ aura sa place dans le futur ici au Maroc Il y a des chaînes de qualité gratuites et à côté, on pense que dans les trois ans à venir, il y aura d'autres chaînes, des offres payantes qu'elles soient francophones ou arabophones. Il y a une place pour ces deux formes de télévision de manière complémentaire. Comment a évolué votre stratégie pour vous positionner sur le marché marocain ? On a commencé à positionner un produit, une offre de chaînes avec un prix. On a fait des tests, on a fait des promotions pendant le Ramadan de 2009. Et on va poursuivre cette stratégie : augmenter le contenu (on a lancé sept chaînes supplémentaires) et trouver de nouvelles formes de commercialisation pour que le plus grand nombre de téléspectateurs marocains qui peuvent être intéressés par une offre francophone puissent acheter notre bouquet. Par exemple, concernant le contenu notamment cinéma, on va diffuser CasaNégra. Aussi, nous produisons à Casablanca l'émission sportive «Les spécialistes Maghreb». On diffuse également, cette semaine une grande soirée Zidane marquée par la retransmission d'un match de l'équipe de France 98 contre une sélection algérienne. D'un autre côté, on va d'ici quelques semaines proposer d'autres formes de commercialisation et de promotions. On est encore dans la phase de construction pour implanter une offre légale au Maroc. Pouvez-vous nous communiquer des chiffres par rapport à la progression du bouquet Canal+ au Maroc ? On est encore un petit bébé, on n'a même pas un an. Donc on marche à peine. Ce que l'on peut dire c'est qu'au Maroc, compte tenu du nombre de foyers équipés qu'il y a du pouvoir d'achat, on pense qu'il y a un marché de l'ordre de 500.000 à un million de personnes qui pourraient acheter une partie ou plus des offres payantes qu'elles soient arabophones ou francophones. On vise donc un million d'abonnés au Maroc d'ici trois ans. Ceci dès lors que les offres en matière de programmes ou de prix correspondent à ce que veulent les Marocains. On verra comment le marché s'organise, mais on pense que dès lors qu'il y a une offre légale adaptée, il y a un marché important. Alors nous pour le bouquet Canal+, si nous travaillons bien, nous aurons une partie de ce marché-là. On s'est donné deux ans pour tester, vérifier si notre expérience acquise dans plein d'autres pays s'avère juste au Maroc. Et on est confiant. On pense que c'est un grand marché. Justement, comment comparez-vous le marché marocain à d'autres marchés? Dans tous les pays tels qu'il soient, la télévision payante a un taux de pénétration de 100%, si on prend les États-Unis, à 30% dans d'autres pays. Et c'est en complément des chaînes généralistes ou thématiques gratuites. Globalement, partout dans le monde, on a ce genre de ratio. Après dans ces offres, il faut qu'on adapte le prix, qu'il y ait aussi une offre d'accès pas trop chère… Le consommateur marocain, il est comme le consommateur italien, ou français, il va choisir la meilleure offre pour lui. Mais, il faut qu'il comprenne que lorsqu'on va vers une offre légale, l'argent qui est mis là, il sert à acheter des films, il sert à produire des émissions, il sert à faire en sorte qu'on investisse dans la publicité ( dans les journaux, les radios…). C'est tout un modèle économique qui se met en place.