Tout – ou en tout cas beaucoup, a été dit sur le Maroc qui change, les grands chantiers, la gouvernance, le paysage politique.. mais même s'il est vrai que l'on parle également du fameux phénomène «Nayda», si l'on disserte sur les musiques actuelles, a-t-on bien mesuré ce qui est en train de se passer- en profondeur- dans notre jeunesse, dans le monde culturel, dans la vie artistique et sociale de nos quartiers et de nos villes ? A-t-on assez pris conscience de ce que «les cultures urbaines» sont en train d'apporter, de transformer dans le quotidien de nos cités et dans les mentalités ? Les premiers à avoir ouvert la voie sont bel et bien Momo et Hicham, créateurs du «Boulevard» : depuis eux – et tous ceux qui se sont engouffrés à leur suite dans la brèche, le paysage musical marocain n'est plus le même. Une parole a été libérée, des musiques se sont créées, des «modes» (vestimentaires, langagiers, comportementaux) en sont nées. Aujourd'hui le phénomène a pris une ampleur insoupçonnée et touche tous les arts : le théâtre, la danse, les arts plastiques, le cinéma. Les cultures urbaines sculptent un nouveau paysage urbain ; en témoigne le succès des «Transculturelles» dans les anciens abattoirs de Casablanca, le succès du «Dabathéâtre» de Driss Ksikes ou encore les «arts de la rue» qui émergent – y compris dans les petites villes. J'en veux pour preuve ces «artistes du cirque» qui en créant l'association «Kolocolo et les étoiles vertes» entreprennent de populariser les cracheurs de feu, les équilibristes, les jongleurs; auprès des plus jeunes ; ce sont aussi toutes ces «bandes» de jeunes skatteurs, qui, faute de pistes adéquates, s'entraînent à effectuer leurs prouesses sur skate, sur les trottoirs ou les endroits bitumés de nos quartiers… Ce sont aussi ces grafs qui surgissent sur certains murs délabrés pour les transformer en fresques colorées et vivantes. Un exemple concret illustrant véritablement l'alliance entre la culture et l'urbain va prochainement voir le jour, puisque l'association «Mohammédia'Arts» vient de voir le jour – unissant des acteurs culturels de tous les domaines – et dont la première apparition publique se fera le dimanche 31 janvier 2010 sur le «Parc des Villes Jumellées» à Mohammedia, dont toute circulation automobile sera bannie et qui sera toute entière vouée à l'animation culturelle, à l'exposition artistique mais aussi à la sensibilisation et l'initiation des enfants et des jeunes… Les cultures urbaines gagnent vraiment droit de cité !