Le projet de loi relatif à l'augmentation des pensions des parlementaires, qui avait soulevé un tollé dans la presse, vient d'être mis en stand-by par la majorité. La conjoncture ne s'y prêtait guère. Le tollé soulevé dans la presse l'imposait. La majorité, à l'initiative du gouvernement, vient de décider de geler le projet de loi relatif à l'augmentation des pensions des parlementaires. A quelques mois d'échéances électorales données par tous les observateurs comme cruciales pour l'avenir des coalitions, l'adoption d'un tel projet de loi aurait été du plus mauvais effet. On a donc fait des mains et des pieds pour lui barrer la route de la plénière, épiée par les caméras des chaînes de télévision nationales et plutôt assez suivies par les citoyens électeurs en cette période de repositionnements politiques. Le projet de loi en question a été adopté par la commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme le 2 janvier. Il amende et complète la loi 24-92 relative à la création de pensions au profit des parlementaires et stipule dans son article 7 l'augmentation des pensions mensuelles des parlementaires de 33 % du montant de l'indemnité parlementaire en cas d'un mandat unique, de 50 % en cas de deux mandats et de 67 % en cas de trois mandats ou plus. Le projet de loi, une fois ébruité, avait soulevé un tollé dans les différents organes de presse. Certains, sarcastiques, n'ont pas hésité à le qualifier de «cadeau» des représentants de la nation aux citoyens à l'occasion du nouvel an. En tout cas, le projet vidait de leurs sens tous les discours qu'auraient pu entreprendre les parlementaires sur la réduction du train de vie de l'Etat, la nécessité de rationaliser les dépenses, l'urgence de mettre en oeuvre des politiques plus agressives pour l'emploi etc. Le groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement avait, à ce sujet, jeté un pavé dans la mare dès le mois de mai 2000 à travers un communiqué adressé à l'ensemble de la presse nationale. Le 9 janvier dernier, le chef du groupe parlementaire du PJD, Mostafa Ramid, revenait à la charge pour s'élever contre «la généralisation» qui avait marqué les articles de presse critiquant le projet de loi. Le groupe parlementaire du PJD réitérait son refus total du projet de loi et son refus de « tout projet de nature à faire supporter au trésor de nouvelles charges au profit des parlementaires, quelle qu'elles soient». Le projet de loi est donc mis en stand-by, reste à savoir pour combien de temps. Certains observateurs n'écartent pas en effet la possibilité de le voir remis à l'ordre du jour lors de la prochaine législature.