J'aurais certes pu faire l'économie de leur consacrer une chronique, me contrefichant totalement de leurs richesses qui visiblement ne leur apportent qu'un bonheur bien superficiel... On les appelle aussi les «nouveaux riches», déjà fort visibles tout au long de l'année de par leurs comportements ostentatoires et les signes extérieurs de richesse qu'ils étalent sans pudeur, ils deviennent d'une visibilité exorbitante durant l'été ! Leur côté «bling-bling» trouvant là, période propice à l'étalage. Il ne faut bien sûr pas les confondre avec les familles aisées de vieille extraction – ayant fait leur fortune à la sueur de leur front- et qui constituent la vieille bourgeoisie marocaine alliant modestie et noblesse de cœur à leur situation matérielle confortable. Non, les parvenus eux- se sont enrichis dernièrement, parfois d'ailleurs de façon douteuse, vivant dans une opulence sans limite, ils confondent argent et éducation, croyant que le premier achète la seconde et se montrent d'une arrogance et d'un mépris envers la population, absolument ahurissants. L'un d'entre eux, cet été, n'a-t-il pas reproché à un jeune vigile, le montant du SMIG, trouvant celui-ci trop élevé et se référant à l'exemple de la Tunisie où celui-ci ne dépasse pas les 1.000 DH ! Telle autre n'a-t-elle pas –et j'en étais témoin- insulté en des termes d'une rare vulgarité- une femme de ménage nettoyant des escaliers à grande eau, ce qui l'avait fait glisser… Des exemples comme ceux-ci foisonnent et malheureusement je ne pense pas que ceux que je décris ici lisent cette chronique, toujours est-il outre qu'humainement leurs comportements soient scandaleux, s'ajoute le fait qu'ils discréditent ainsi toute une partie de notre société –appelons-les pour faire simple la bourgeoisie- et sèment dans le cœur de nos jeunes en particulier des grains de rancœur, voire de haine. Que dire de leurs propres enfants, ces gosses de nouveaux riches, en fait autant à plaindre qu'à blamer, qui friment à longueur de journée dans des attitudes inciviques et provocantes et dépensent en quelques soirées l'équivalent d'un SMIG justement. J'aurais certes pu faire l'économie de leur consacrer une chronique, me contrefichant totalement de leurs richesses qui visiblement ne leur apportent qu'un bonheur bien superficiel, mais j'ai voulu écrire ces lignes car en les voyant agir ainsi, j'ai pris conscience que leur comportement était grandement néfaste pour l'ensemble de notre société. En affichant –voire en accentuant ainsi- le fossé entre les différentes couches de notre société c'est toute la cohésion sociale qu'ils mettent à mal, c'est tout ce que d'aucuns s'efforcent de construire à base de solidarité, de compassion, de civisme, de citoyenneté, de valeurs… qu'ils anéantissent. Dans leur égoïsme, aveugles et sourds qu'ils sont, se préoccupent-ils d'ailleurs du lien social ? Seule leur petite situation personnelle ayant de l'intérêt à leurs yeux ; le patriotisme leur étant inconnu. Aux clairvoyants de tresser un cordon sanitaire autour de ces parvenus pour limiter au maximum leur pouvoir de nuisance. Le mal qu'ils causent est profond.