Le professeur Younes Bensaïd a été admis et déclaré membre officiel de l'Académie française de chirurgie à Paris. Il livre à ALM ses impressions et le parcours qui a consacré son admission. ALM : Que représente pour vous votre admission à l'Académie française de chirurgie ? Et comptez- vous vous installer en France ? Younes Bensaïd : Cette admission à l'ANC (l'Académie française de chirurgie) est à la fois une consécration de mon parcours universitaire et une audience à l'échelle internationale. La cérémonie de mon investiture a eu lieu le 21 janvier à Paris. Ceci dit, cette consécration n'est nullement une fin en soi. Mon admission à l'Académie française de chirurgie profitera à mon pays. Je ne quitterais pas le Maroc. Je continuerai à soutenir mon équipe et poursuivre mes recherches. Je suis un pur académicien. Comment se déroule l'admission à l'ANC ? L'ANC est la plus ancienne institution chirurgicale française. Elle ne compte que 150 praticiens à travers le monde. L'accès à un tel organisme se fait par dépôt de candidature et passe par une rigoureuse étude de dossier par son Conseil d'administration. Je suis actuellement le seul chirurgien marocain à être membre à l'ANC. Quelle place occupe le Maroc, au niveau mondial, en matière de chirurgie vasculaire ? À l'image des services de pointe en France, le Maroc dispose d'un service très bien équipé, au sein de l'hôpital Avicenne de Rabat. Principalement dédiée à la chirurgie vasculaire, l'équipe comprend une unité d'endo-vasculaire. Le service draine des patients de tout le territoire national ce qui lui permet un niveau de recherche plus riche et projette la chirurgie vasculaire au Maroc dans un avenir prometteur. Actuellement, le service a formé des unités dans tout le pays, notamment dans les hôpitaux militaires de Meknès et Rabat, les CHU de Fès et Oujda, et des hôpitaux à Agadir, Meknès et Tanger. Quelles sont vos activités au sein de l'ANC? Et comment gérez-vous vos deux statuts au Maroc et en France ? Les membres de l'ANC se rencontrent dans le cadre de réunions de formation régulières à l'Académie pour s'informer des découvertes les plus récentes et des progrès de la chirurgie. Pendant mes nombreux déplacements en France, environ une dizaine par an, je peux compter sur les efforts conjugués de mon équipe, très compétente, pour combler mon absence. Ainsi, cette adhésion ne perturbe en rien mes activités à l'hôpital Avicenne à Rabat. Résumez nous en quelques mots votre parcours professionnel. Je suis chef du service de chirurgie vasculaire à l'hôpital Avicenne à Rabat, président de la Société marocaine de chirurgie vasculaire, membre titulaire de la Société française de chirurgie vasculaire et nouvellement membre à l'ANC. Mon statut actuel est le fruit d'un effort considérable durant tout mon parcours. Avant même de décrocher mon Bac, mon dossier a été accepté pour poursuivre des études en maths sup - maths spé au Lycée Louis le Grand en France. Cela dit, j'ai entamé des études à la Faculté de médecine de Rabat presque par hasard vu que c'est mon cousin qui m'y a inscrit. Parallèlement, je gagnais ma vie en étant moniteur de travaux pratiques grâce à mes certificats en sciences fondamentales. Après l'Internat, je me suis consacré à la chirurgie et j'ai été reçu major au concours d'agrégation de chirurgie. En 1985, je suis parti à Paris pour décrocher mon diplôme de chirurgien vasculaire. En France, j'étais médecin interne à l'Hôpital Pitié-Salpêtrière, auprès des très réputés professeurs Natali et Kieffer. Une fois revenu au Maroc, j'ai enseigné à la Faculté de médecine. Aussi mes recherches ont été reconnues à l'échelle internationale, notamment, celles sur l'artérite inflammatoire.