Le 20 novembre dernier à Grenade (Espagne), une quinzaine de véhicules conduits par des jeunes marocains, dont des confrères, ont été interceptés – et leurs conducteurs maltraités – par des agents de la garde civile espagnole. Question d'apparence saugrenue : quel rapport y a-t-il entre un rallye automobile, la charte des Nations Unies pour les droits de l'homme et des agents de la guardia civile espagnole ? A première vue aucun sinon une plaque minéralogique marocaine. Il suffit que le policier voit celle-ci pour qu'il devienne la négation de celle-là. «Tous les humains [sauf les Marocains] naissent libre et égaux». Les faits ne méritent peut-être pas le tribunal pénal international, tout au plus une ferme et énergique condamnation de SOS racisme qui n'est pas venue, mais ça en dit long, si on a encore des illusions, sur les sentiments que nourrissent à notre égard nos voisins du nord. L'évènement remonte au 20 novembre dernier. Des jeunes marocains, BCBG, courtois et polis, des rêves plein la tête, remontent en convoi l'Espagne à bord de leurs automobiles, une quinzaine en tout, estampillées «circuit de Guadix», pour prendre part dans la joie et la bonne humeur à un rallye. Il était 20 h et tout allait comme sur des roulettes quand aux abords de Grenade ils sont encerclés par un contingent de la guardia civile sur le pied de guerre. Hululement des sirènes, hurlement – aboiement devrions-nous dire – des policiers, les Français sont laissés de côté, l'autoroute est fermée, fouille corporelle des pilotes marocains, leurs voitures passées au peigne fin, injure par ci, insulte par là et au bout de 45 mn d'état de siège la guardia civile, toute déçue, doit se rendre à l'évidence : ni armes ni terroristes, ni drogue ni fausse monnaie et même pas un soupçon de doute sur l'honnêteté immaculée du convoi. Une telle bévue à la limite de la bavure méritait au moins des excuses, mais la plus belle femme du Monde – excusez la misogynie - ne peut donner que ce qu'elle a et on ne peut pas dire que les guariadors civils soient un modèle de courtoisie. Indulgent on comprendra, au pays des tueurs de veaux, qu'un Marocain fasse sur un policier l'effet d'une muleta sur un taureau. Mais comment ne pas voir rouge quand la diplomatie espagnole se terre dans un silence strident malgré la plainte des victimes auprès de l'ambassade de l'Espagne à Rabat. A ce train là je finirai par faire mienne ce que me disait un jour un fin observateur : avec des amis comme les Espagnoles on se contenterait de ses ennemis.