La stabilité politique et le leadership, longtemps considérés comme marque de présence internationale du Maroc, ont permis au Royaume de signer un certain nombre d'accords commerciaux bilatéraux en 2008. Le Maroc a pris soin d'élargir progressivement son réseau de partenaires commerciaux au cours des dernières années, notamment avec l'Accord d'Agadir conclu en 2004 et l'Accord de libre-échange (ALE) avec les États-Unis conclu en 2006. Mais ses industries d'exportation ont connu une impulsion majeure lorsque le Maroc s'est vu accordé le «Statut avancé» dans ses relations avec l'Union européenne au mois d'octobre. La France, tout particulièrement, a ardemment soutenu le Royaume au cours des négociations et a complété l'accord de coopération de plusieurs accords bilatéraux dans les domaines de la défense, de l'infrastructure, du développement, des transports et du tourisme. L'un des accords les plus notables est la vente au Maroc d'une frégate européenne multimission (Fremm) identique à celles qui équipent la marine française. La France s'est aussi engagée à fournir 25 hélicoptères Puma au Maroc et 140 véhicules blindés. Les relations franco-marocaines sont à l'origine d'un autre accord international en matière de transports, avec l'octroi d'un prêt de 240 millions de dollars pour le financement du tramway à Rabat. La tâche du développement et de mise en œuvre du nouveau réseau de train léger a été attribuée au groupe industriel français Alstom, ainsi que l'entreprise de transport française PTP Colas. La France a également finalisé l'octroi d'une subvention de 117 millions de dollars destinée aux études de faisabilité de la ligne ferroviaire à grande vitesse reliant Tanger à Casablanca, la plus grande ville du Maroc. Cette subvention fait suite à la signature d'un contrat d'une valeur de 3,13 milliards de dollars, conclu lors de la visite du président français Sarkozy en 2007, et qui a désigné Alstom comme le principal partenaire dans la construction de réseau ferroviaire à grande vitesse et celle du tramway. En matière de tourisme au Maroc - l'un des plus grands pôles d'investissement du Royaume - le groupe hôtelier français Pierre et Vacances a signé un protocole d'accord pour la construction de 10.000 lits au Maroc d'ici 2013 moyennant un investissement de 409 millions de dollars. Le tourisme est une industrie cruciale au Maroc et le Royaume entend drainer 4,4 milliards de dollars d'investissements d'ici à 2010, conformément à «Vision 2010», sa politique de développement en matière de tourisme. Actuellement, les projets à vocation touristique ambitionnent de porter la capacité d'accueil hôtelière à 250.0 lits (au lieu de 133.000 en 2006) et de réaliser six nouvelles stations balnéaires dans le cadre du «Plan Azur» pour un développement durable des espaces côtiers au Maroc. Les nouvelles stations seront localisées à Larache, El Jadida, Agadir, Essaouira, Guelmim sur la côte Atlantique et Saidia sur la côte méditerranéenne. Le gouvernement espère porter le nombre d'arrivées touristiques à 10 millions à l'horizon 2010, un objectif défini par «Vision 2010» qui paraît réalisable quand on voit que 7,4 millions de touristes ont visité le Maroc en 2007, ainsi que 2,5 millions au cours des cinq premiers mois de l'année, soit une hausse de 11% par rapport à la période comparative de 2007. Dans une démarche qui tranche avec les stratégies de développement adoptées par d'autres pays méditerranéens, le Maroc entend promouvoir le tourisme interne dans le cadre de son «Plan Biladi» en réduisant le coût de l'hébergement en hôtel pour encourager les nuitées. Le Plan Biladi, qui vise ainsi à encourager les ressortissants nationaux à dépenser plus, viendra complémenter les dépenses déjà élevées des expatriés. Les Marocains résidant à l'étranger jouent un rôle actif dans les secteurs de l'immobilier et du tourisme, à travers l'investissement direct étranger sous forme d'achat immobilier au Maroc et à travers le revenu de ceux qui rentrent au pays pour les vacances. Le Maroc reçoit plus de transferts que n'importe quel autre pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, derrière l'Egypte. Quelque 3,3 millions de Marocains vivent à l'étranger et selon la Banque mondiale, les sommes transférées par les expatriés marocains auraient atteint 2,6 milliards de dollars en moyenne par an depuis 2003. Les transferts effectués par les Marocains résidant à l'étranger (les MRE) sont réalisés sous formes diverses, permettant ainsi de soutenir la croissance dans plusieurs secteurs de l'économie. Selon le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), l'autorité nationale du marché, le nombre des MRE a constitué 58% du nombre total des étrangers qui ont investi dans la Bourse de Casablanca. Parallèlement, les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), ou fonds mutuel, ont attiré le plus les MRE qui ont transféré 1,68 milliard de dollars au titre de l'année 2007 - soit une part de 27,8% de l'ensemble des investissements en titres d'OPCVM. De manière plus générale, les transferts de fonds continuent d'assumer leur rôle traditionnel, qui est celui de fournir une importante source de revenu pour les membres de la famille des expatriés dans le pays, et d'augmenter l'entrée de devises étrangères. Le secteur de l'énergie est aussi monté sous les feux de la rampe en 2008. Le Maroc, qui ne possède que de modestes réserves, a été durement touché par l'instabilité du prix du pétrole au cours de l'année écoulée. Le Royaume importe 96% de ses besoins en énergie et la facture nationale de pétrole a fortement augmenté en 2008 - atteignant 1,1 milliard de dollars au premier trimestre de l'année, soit 69% de plus par rapport à la même période en 2007. En conséquence, le Maroc envisage d'autres options énergétiques, y compris l'énergie éolienne, solaire et nucléaire, comme étant des solutions alternatives à la production nationale de pétrole et aux importations de gaz naturel. Le gouvernement prévoit qu'un dixième du bilan énergétique national et que 20% de la production électrique découleront de sources renouvelables d'ici à 2012, un objectif impressionnant compte tenu du fait que le niveau actuel est un peu moins de 1%. Fort d'un temps venteux et d'un ensoleillement favorable, le Maroc a certainement la possibilité d'atteindre cet objectif ambitieux, et s'en donne en tout cas les moyens. Les efforts du Maroc visant à accroître les capacités de production d'éléctricité à partir des énergies renouvelables ont porté leur fruit comme en témoigne la prise de participation d'Abu Dhabi National Energy Company (Taqa) dans le capital de la Compagnie éolienne du détroit (CED) en juin dernier. Taqa et Theolia, spécialiste français des énergies renouvelables, ont signé un protocole d'accord pour le développement de parcs éoliens au Maroc. Cet accord repose sur un partenariat 50/50 dans la Compagnie éolienne du détroit (CED), filiale marocaine de Theolia. Taqa et Theolia répondront conjointement à l'appel d'offres concernant la construction et l'exploitation d'un parc éolien de 300 mégawatts à Tarfaya. Même si une grande partie de l'IDE au Maroc provient de France et de la région du Golfe, les pays d'Afrique du Nord et d'Asie jouent un rôle croissant dans le secteur de l'industrie du Royaume, en particulier dans la production d'engrais et de phosphates. En mai, la société nationale Office Chérifien des Phosphates (OCP) et la compagnie Libya Africa Investment Portfolio ont signé un protocole d'accord pour la construction de trois usines de fabrication de produits phosphatiers pour un investissement total estimé à 1 milliard de dollars. Au terme de cet arrangement, les usines produiront de l'acide phosphorique, de l'ammoniac hydroxide et des engrais. Les unités de production d'acide phosphorique et d'ammoniaque seront construites à Jorf Lasfar, une région riche en phosphate dans le Sud-Ouest de Casablanca, et celle des engrais soit au Maroc soit en Libye. Quelques jours avant la signature du marché avec Laip, l'OCP signait un autre accord avec les compagnies Petro Vietnam Fertiliser et Chemical Joint Stock Company portant sur la construction d'une usine d'engrais Dap pour un montant de 600 millions de dollars. Une fois opérationnelle en 2011, cette usine aura une capacité de production qui variera de 660.000 à 1 million de tonnes d'engrais par an. Dap est un engrais soluble produit à partir d'acide phosphorique et d'ammoniac. En raison de la détérioration de la conjoncture internationale sous l'effet de la crise financière mondiale, il sera difficile de maintenir la croissance de l'IDE en 2009. Le FMI prévoit que l'IDE atteindra 3,8% du Produit intérieur brut (PIB) cette année, contre 1,5% en 2004. Toutefois, les perspectives de croissance de l'économie marocaine restent fortes. Bien que le taux de croissance enregistré en 2007 ait été ramené à 2,7% , dû en grande partie à une mauvaise campagne agricole, le gouvernement et le FMI tablent sur une remontée à hauteur de 6,2%. Cette prévision s'avère remarquable étant donné que les principaux marchés d'Europe occidentale vers lesquels sont destinées les exportations marocaines sont confrontés à un ralentissement de croissance et sont de surcroît susceptibles de connaître une hausse des taux d'intérêt de manière à prévenir le retour des pressions inflationnistes. • Oxford Business Group Le 5 janvier 2009