Dans l'immédiat, la priorité est de mettre fin à l'engrenage des violences. Une trêve durable doit être mise en œuvre sans délai, afin qu'il puisse être très rapidement porté assistance aux victimes. Personne ne s'attendait réellement à ce qu'un pays de l'Union européenne puisse rester silencieux, encore moins donner sa bénédiction aux attaques meurtrières de l'armée israélienne contre les habitants de Gaza qui ont fait ce week-end des centaines de morts et de blessés. La condamnation de principe et l'appel au cessez-le-feu sont de rigueur comme l'est le positionnement diplomatique de chaque pays au lendemain d'une poussée sanglante de violence contre les civils. Mais la différence est à trouver dans les mots et la subtilité des phrases utilisées. Parmi les premiers à réagir furent les deux têtes de l'exécutif français, le président Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon. Tandis que Nicolas Sarkozy demande, dans un communiqué, «l'arrêt immédiat des tirs de roquettes sur Israël ainsi que des bombardements israéliens sur Gaza, et il appelle les parties à la retenue (et) rappelle qu'il n'existe pas de solution militaire à Gaza et demande l'instauration d'une trêve durable», son Premier ministre lui emboîte le pas et «condamne avec la plus grande fermeté la reprise des tirs de roquettes contre Israël, ainsi que l'usage excessif de la force» et de tracer l'exigence du moment : «Dans l'immédiat, la priorité est de mettre fin à l'engrenage des violences. Une trêve durable doit être mise en œuvre sans délai, afin qu'il puisse être très rapidement porté assistance aux victimes». Quant au ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, il a fait savoir qu'il s'était entretenu par téléphone avec son homologue égyptien Ahmed Aboul Gheit et lui a fait part du «soutien déterminé de l'Union européenne aux efforts de l'Egypte» en faveur d'un cessez-le-feu. Paris a eu, donc, à deux reprises l'occasion de s'exprimer sur le drame des Palestiniens de Gaza. La seconde fois fut au titre de la présidence française de l'Union européenne dont les mots et la tournure des phrases choisies sont plus expressives et plus directes. Ainsi la présidence de l'UE «exprime sa plus vive préoccupation devant l'escalade de la violence dans la bande de Gaza et déplore le très grand nombre de victimes civiles (et) condamne les bombardements israéliens, ainsi que des tirs de roquettes en provenance de Gaza. Elle demande leur arrêt immédiat. Elle condamne l'usage disproportionné de la force». Quant aux partis politiques en France, ils ne sont pas bousculés au portillon par s'exprimer sur le sujet. Seul, le Parti communiste français avait fait ce constat par un communiqué qui accuse «le gouvernement israélien (qui) prend la responsabilité d'une escalade injustifiable» : «En continuant sans désemparer la colonisation des terres palestiniennes, en maintenant un blocus criminel sur Gaza (…) toutes les conditions d'une confrontation ont été entretenues durant des mois dans le plus profond mépris d'une population civile dont les conditions de vie sont devenues insupportables». «Ensuite, comme je l'ai dit à maintes reprises, nous devons Concevoir une nouvelle stratégie pour Gaza, qui place de nouveau ce territoire sous la direction légitime de l'Autorité palestinienne de façon à ce que cessent leurs souffrances et à ce que la sécurité d'Israël soit totalement protégée», a poursuivi Tony Blair. Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier s'est dit «très inquiet» de la situation au Proche-Orient, dans une interview au journal dominical Bild am Sonntag. «La bande de Gaza menace à nouveau de sombrer dans une spirale de violence», a dit le ministre social-démocrate au journal. Israël a lancé samedi des raids aériens massifs contre le Hamas dans la bande de Gaza, tuant quelque 195 Palestiniens en représailles à la reprise des tirs de roquettes depuis le territoire contrôlé par les islamistes. Steinmeier a demandé au Hamas «de mettre immédiatement et durablement un terme aux insupportables tirs de roquettes contre Israël» et appelé Israël à «la retenue dans ses actions militaires et à tout faire pour éviter les victimes civiles». «Le gouvernement allemand ne comprend pas l'interruption unilatérale du cessez-le-feu par le Hamas avec Israël. C'est une décision irresponsable justement au vu de la situation précaire de la population dans la bande de Gaza», a dénoncé le ministre. «Hamas joue un jeux cynique avec des gens qu'il prétend avoir pris sous sa responsabilité», a-t-il ajouté. Silvio Berlusconi espère que «cette nouvelle vague de violences ne dégénère pas ultérieurement et demande aux parties en cause de cesser immédiatement les tirs de roquettes contre Israël ainsi que les bombardements de la bande de Gaza», poursuit le communiqué. «Ce n'est qu'à travers le dialogue, et certainement pas avec la provocation et le recours aux armes, qu'une solution stable et durable pourra être trouvée au conflit en cours», conclut le chef du gouvernement italien. La déléguée générale palestinienne auprès de l'Union européenne, Leïla Chahid, a accusé samedi Israël de commettre un «crime de guerre» à Gaza et reproché à la communauté internationale d'avoir «laissé tomber la population palestinienne». «Rien ne justifie le bombardement d'une population civile d'un million et demi de personnes qui vivent sur 356 km2, et dire qu'on est en train de bombarder les combattants du Hamas c'est du non-sens», a déclaré Mme Chahid interrogée sur la radio France Info. «On est en train de bombarder une population civile, qui est déjà assiégée depuis plusieurs mois (...) C'est un crime de guerre, fondamentalement», a-t-elle ajouté. «C'est une population civile à qui on impose un châtiment collectif», a poursuivi Mme Chahid, pour qui les civils palestiniens «n'ont pas les moyens politiques, militaires ni même physiques de s'opposer au Hamas». Dans un communiqué, les communistes français condamnent des «raids aériens meurtriers». Pour eux, «le gouvernement israélien prend la responsabilité d'une escalade injustifiable». «En continuant sans désemparer la colonisation des terres palestiniennes, en maintenant un blocus criminel sur Gaza - malgré des appels répétés à sa levée venant de différentes autorités du monde entier -, toutes les conditions d'une confrontation ont été entretenues durant des mois dans le plus profond mépris d'une population civile dont les conditions de vie sont devenues insupportables», accuse le PCF. «Les bombardements israéliens doivent cesser immédiatement. Les autorités françaises et européennes doivent l'exiger de l'Etat d'Israël». «Elles doivent demander la réunion d' urgence du Conseil de sécurité de l'ONU dans cet esprit», ajoute le PCF.