Vendredi dernier, le Centre marocain de gouvernance -présidé par Driss Abbadi- organisait, en partenariat avec le conseil communal de Bouznika et la province de Benslimane, une journée d'études sur le thème de la «Régionalisation». L'Université Hassan II de Mohammédia et notamment le département «Master Gouvernance locale» avait dépêché ses professeurs pour dialoguer avec des professeurs de l'université des Îles Baléares pour établir une comparaison entre l'expérience de l'Espagne et le cas du Maroc. S'il est évident que l'exemple de l'un ne peut être décalqué sur l'autre, toujours est-il qu'il nous faut tirer des leçons de ce que d'autres pays ont fait avant nous pour éviter certains «pièges». La régionalisation accompagne et accentue la démocratisation, notamment par la proximité des centres de décision avec la population, mais il est clair qu'elle doit être maîtrisée pour être performante. La régionalisation n'a pas pour synonyme l'indépendance, mais bel et bien le respect d'entités dans un cadre unitaire. Invités à intervenir dans ce débat d'avenir devant un parterre de personnalités (gouverneur de Benslimane, élus, professeurs, intellectuels) et une centaine d'étudiants, de nombreux intervenants ont planché sur ce thème de la régionalisation au Maroc. Personnellement, j'avais choisi de parler régions et cultures, car si les régions sont des territoires géographiques qui se sont construits par des ajouts, des apports humains et matériels, des processus historiques, ils sont le fruit de brassages de population qui ont donné d'une région à une autre des histoires personnelles et spécifiques: us et coutumes, traditions vestimentaires, dialectes, spécialités culinaires… Au Maroc, cette diversité compose notre richesse : une mosaïque de territoires et de cultures -certes- mais qui constituent un tout, notre pays, notre nation. Il ne faut pas avoir peur de ces identités plurielles, mais au contraire les respecter pour mieux permettre à chacune d'elles de se retrouver dans une unité «Respecter , reconnaître, pour mieux intégrer». Ces particularités régionales subsistent, persistent dans le temps et se transmettent de génération en génération : cet héritage culturel, ce patrimoine est celui de nos jeunes aujourd'hui. Notre jeunesse, justement à la recherche de repères identitaires, y puise l'inspiration des «nouvelles cultures urbaines». Ainsi -à titre d'exemple- le rap, le hip hop marocains sont riches des apports du raï, du chaâbi, du gnaoui… venus de régions différentes. Quand le passé et le présent s'unissent ! Les cultures régionales sont des richesses à préserver, à faire évoluer, elles sont constitutives de note identité nationale ! Le discours de SM le Roi a mis la régionalisation au cœur du débat sur notre avenir: elle est notre avenir. N'en n'ayons pas peur, la régionalisation –accompagnée de nécessaires garde-fous- n'est pas étrangère à notre culture, elle est déjà une réalité de terrain. C'est un chantier exaltant qui s'ouvre, nous le réussirons d'autant mieux que l'aspect culturel -et donc humain- sera mis en avant.