Le financement bancaire reste un moyen peu utilisé par les entreprises marocaines. Une récente étude de la DPEG met en évidence ce constat.L'autofinancement reste souvent la règle générale. Le Maroc évolue au rythme d'une réforme par an en matière de financement des entreprises. L'adoption d'une nouvelle loi bancaire en 1993 en a accéléré la cadence. Depuis 1996, les taux d'intérêt sont totalement libéralisés avec, en prime, la suppression des plafonds pour taux d'intérêt débiteurs et le financement du Trèsor aux conditions du marché. L'entreprise marocaine peut aujourd'hui avoir recours à tout un arsenal de fonds de garanties et de mise en œuvre des lignes de crédit qui n'existait pas il y a dix ans. Pourtant, sur le terrain, les moissons engrangées sont encore modestes. Dans sa récente étude sur le mode de financement des entreprises, la DPEG le constate, «les réformes n'ont pas donné les résultats escomptés». Les conclusions du département de la planification du ministère des Finances se basent en grande partie sur les données de l'enquête Facs1 réalisée en 2000 et qui avait concerné 859 établissements appartenant aux branches de l'électronique, du textile, de l'habillement, des produits alimentaires et de la pharmacie. Il en ressort que dans une grande proportion, environ 63% du total, les entreprises industrielles marocaines font recours à leurs propre bénéfices pour financer leurs investissements. Le prêt bancaire n'est pas un mode de financement courant. Seulement 21% des entreprises y ont recours. Les fournisseurs n'interviennent que rarement dans l'investissement, 7% des entreprises ont bénéficié de ce mode de financement. Ce n'est pas la première fois qu'une étude met en relief le faible taux de recours aux crédits bancaires. Dans le domaine industriel, la principale cause du problème demeure en l'aspect limité de la clientèle industrielle aux services bancaires. Cela bien que chaque entreprise dispose au moins d'un compte bancaire et, d'après l'enquête FACS, qu'elle soit en moyenne cliente de sa banque pendant 11 ans. Ce faible taux de recours au financement bancaire peut aussi s'expliquer par une gestion peu efficace des dossiers de demande de crédits. Seule certitude acquise désormais, l'optimisme des entrepreneurs. S'ils sont seulement 55% à solliciter leur banque, ils sont en revanche 82 % à avoir la certitude que leur demande de prêt serait acceptée si elles présentaient un projet rentable. En attendant l'émergence d'une véritable stratégie pour l'investissement, les banques préfèrent, contre le prêt à long terme, offrir des facilités de découvert. La banque marocaine n'a pas, malgré tous ses efforts, dépassé l'image d'un établissement de dépôt au profit d'un établissement d'affaires, véritable partenaire du développement. Plus de 72% des entreprises affirment pouvoir trouver des fonds ailleurs pour se financer en cas de refus. Autre problème réel, la chèrté des taux de crédits, presque olympiques puisque alignés le plus souvent sur la limite maximale autorisée. C'est l'une des raisons qui expliquent le fait que le prêt bancaire soit le dernier recours, dans le cas seulement où les réserves ne permettent pas l'autofinancement. Fait significatif et à relier peut-être à la couverture du réseau bancaire, très présent à Casablanca au détriment des autres régions, c'est dans le Nord et à Tanger que les entreprises ont une tendance plus prononcée à réinvestir leurs propres bénéfices. Dans tous les cas, comme l'a souligné le responsable des jeunes entreprises à la CGEM, le prêt bancaire est «très difficile» pour les PME-PMI quelque soit le secteur. Face à ces difficultés qui se présentent sur le chemin du financement bancaire, la BVC (Bourse des Valeurs de Casablanca) peut jouer un rôle d'alternative, mais seulement pour les grandes entreprises. Là aussi, autant pour l'introduction que pour l'émission obligataire, les règles sont les mêmes. Le premier compartiment où sont cotés 99% des entreprises introduites fixe comme capital minimum 15 millions de dirhams. L'entreprise doit en plus pour espérer bénéficier d'un financement justifier de trois exercices certifiés et placer au minimum 20% de son capital en Bourse. A ces conditions doit s'ajouter la présentation d'un projet bien référencé. Quant au très médiatisé troisième compartiment de la Bourse, il ne fait pas non plus l'exception en matière de financement. La condition exigée, à savoir un capital minimal de 5 millions de dirhams et un exercice d'une année dûment certifié, n'est pas à la portée de tous.