À l'initiative de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader) avec le soutien du ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime, le Maroc abrite pour la première fois un congrès international des semences du 27 au 29 février 2008. ALM : C'est la première fois que le Maroc abrite un congrès international des semences. Que pouvez-vous nous en dire ? Ahmed Ouayach : C'est effectivement un événement de grande envergure. Ce congrès regroupera une cinquantaine de pays, et sera marqué par la présence des principales filiales semencières au niveau mondial. Il est important de mettre en exergue que ce congrès sera dédié à l'Afrique. Pourquoi l'Afrique?. Cela en raison du fait que ce continent connaît plusieurs problèmes sur le volet agricole. L'objectif est donc de moderniser cette agriculture par le biais de la filiale semencière. Pour nous, il s'agit de nous pencher sur les nouvelles technologies utilisées en matière de semences, ce qui est au cœur des réflexions internationales actuelles. Il faut savoir que l'agriculture a dépassé son rôle classique d'approvisionnement à celui de source énergétique. Je parle ici du volet relatif aux biocarburants. Il s'agit, donc, de mener une réflexion profonde sur ce que peut présenter la filiale semencière aux économies. Quels sont, dans ce cas, les enjeux de ce congrès international ? L'enjeu phare pour nous, organisateurs, s'articule autour du fait que nous avons la prétention de favoriser le partenariat Nord-Sud, mais aussi de développer le partenariat Sud-Sud. La participation à ce congrès de pays avancés dans ce domaine scientifique permettra aux participants africains de tirer profit des acquis de la recherche et des progrès de l'amélioration génétique déterminants pour la modernisation de l'agriculture africaine, principale composante socio-économique du continent afin de faire face au défi de la sécurité alimentaire. Est-il attendu qu'il y ait signature d'accords de partenariat, ou alors est-il principalement question d'études ? Il s'agit surtout de réunions. Cela s'organise par le moyen d'ateliers ayant pour objectif d'étudier la réglementation qui est primordiale dans le secteur des semences. Nous nous pencherons ainsi sur le champ réglementaire qui est prioritaire car ici nous parlons de produit issu de recherches et qui se doit d'être conforme à certaines normes internationales fixées, soit dans le cadre du champ de l'OCDE ou de l'UE. Il faut noter que les normes sont très importantes car, selon le type de semences produites, les modifications génétiques ou les développements variétaux ne peuvent être conçus sans se plier à des conditions fixées par une loi mondiale.
Parmi les chantiers concernés par ce congrès, quels sont ceux qui touchent le Maroc ou du moins l'Afrique ? Nous travaillons sur un chantier, effectivement, pour répondre à la question de savoir « comment aider l'Afrique pour mettre à niveau sa filière semencière?». Dans ce chantier, le Maroc est très concerné. Notons que le Maroc est très avancé en la matière si on le compare au reste des pays d'Afrique, quoique devancé par l'Afrique du Sud qui reste un géant dans ce secteur. Néanmoins, même avec toutes ses avancées, le Maroc demeure en retard par rapport à l'Europe, par exemple. Ce qu'il nous faut, c'est l'investissement dans la filière semencière, notamment la recherche-développement et la recherche variétaire, sans oublier le soutien de l'Etat pour doper cet investissement et le rendre attrayant. Il est certes évident que le Maroc a entrepris de grands pas pour faire avancer son secteur agricole, il est donc difficile de concevoir le développement agricole sans celui de volet relatif aux semences. Peut-on alors dire que c'est d'ici que s'inspire le choix du Maroc pour l'organisation de cet événement ? Le Maroc, qui s'est engagé dans de grands chantiers de modernisation de son agriculture, compte sur la filière recherche, développement pour réussir ses plans sectoriels. Les récentes mesures prises pour sécuriser ses besoins en semences de céréales traduisent d'ailleurs cet intérêt. Pour ce qui est du congrès, ce sera l'occasion pour notre pays de présenter ses avancées en la matière. Mais il ne faut pas oublier que beaucoup reste à faire. Par exemple, notons qu'au niveau de la production céréalière, sur les 5 millions d'hectares concernés, moins de 10% utilise les semences sélectionnées. C'est dire que les agriculteurs aussi ont leur rôle à jouer sur ce créneau. Il serait évidemment plus facile de tout mettre sur le dos de la pluie, mais il faut se rendre à l'évidence que nous devons d'abord améliorer ce qui peut l'être. Quant à impliquer les précipitations pluviales, uniquement, ce serait faux. Prenons l'exemple de la zone du Gharb, où l'eau est disponible, il est vraiment dommage que les agriculteurs ne profitent pas davantage de ce que la science leur offre et qu'il n'usent pas plus des semences pour voir leur production prospérer davantage. Ce qu'apporte un biocarburant Les semences sont la matière première entrant dans la fabrication des biocarburants. De plus en plus, dans le monde, les avantages de ces biocarburants, éthanol et diester, sont prônés par les écolos. La matière première de l'éthanol - blé, maïs ou betteraves - est renouvelable. Remplacez 1 litre d'essence par 1 litre de bioéthanol et vous réduirez de 75% les émissions de gaz à effet de serre. Un hectare de céréales transformé en bioéthanol absorbe les émissions annuelles de CO2 de 3 voitures à essence et de 10 voitures pour 1 hectare de betteraves. De même 1 hectare de céréales transformé en bioéthanol permet d'économiser 1,2 tonne de carbone fossile par an. Pour le diester, il représente une solution immédiatement exploitable pour lutter contre la pollution par les transports. C'est une énergie dite «renouvelable» (90% de sa matière première vient de la plante). Il est biodégradable et améliore la combustion du carburant grâce à son oxygène. Le diester réduit les émissions de fumées noires et de particules (- 20%), de monoxyde de carbone (-10%) et de composés toxiques (benzène, hydrocarbures imbrûlés). Il ne contient pratiquement pas de soufre.