Discrédité dans une bonne partie du Moyen-Orient, le président américain George Bush tente d'arracher un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens avant la fin de son mandat présidentiel. Après Richard Nixon, Jimmy Carter et Bill Clinton, George Bush Jr est le quatrième président américain à tenter d'arracher un introuvable accord de paix entre Israéliens et Palestiniens. Il espère de la conférence organisée à la fin du mois à Annapolis, dans le Maryland, un succès diplomatique qui éclipserait dans son héritage présidentiel l'affront du 11 septembre 2001 et le bourbier irakien. Nombre de spécialistes du Moyen-Orient doutent que Bush, qui n'a plus que 14 mois à passer à la Maison-Blanche, soit en mesure de parvenir à provoquer l'avènement d'un Etat palestinien viable dans ce délai, qu'il s'est fixé lui-même en 2001. L'administration américaine laisse miroiter l'espoir qu'Annapolis qui débouchera sur des négociations qui se concluront par un accord de paix avant la fin du mandat présidentiel, mais il reste à prouver que les deux parties prenantes soient «partantes». «Le problème, en s'y étant pris si tard, c'est que ceux qui le souhaitent peuvent attendre que Bush s'en aille et, dès lors, on perd en souplesse», estime l'analyste américain Stephen Hess. Les experts n'en excluent pas pour autant que la réunion d'Annapolis soit féconde. «Les perspectives de paix semblent infimes, mais la plupart des percées dans l'histoire surviennent inopinément, souvent du fait de manifestations surprenantes de leadership», souligne un autre analyste, Shibley Telhami. On ignore encore si Bush a l'intention de s'impliquer lui-même dans les négociations pour amener le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas à composer. Le scepticisme de Bush devant l'investissement personnel de Bill Clinton dans ce dossier avait été conforté par l'échec de la médiation de son prédécesseur entre l'Israélien Ehud Barak et le Palestinien Yasser Arafat. Clinton avait dû rendre les armes en juillet 2000 à Camp David, la même où vingt ans plus tôt le précédent président démocrate, Jimmy Carter, avait réussi à amener Israéliens et Egyptiens à signer la paix. Le défunt Arafat avait tenu à rendre hommage au «grand homme» qu'était à ses yeux Clinton, mais celui-ci lui avait rétorqué : «Je ne suis pas un grand homme. J'ai échoué, et c'est vous qui m'avez fait échouer». Aujourd'hui, la situation semble encore plus inextricable, estime l'analyste P.J. Crowley, ancien porte-parole du Conseil de sécurité nationale sous la présidence de Clinton. Olmert et Abbas sont tous deux affaiblis sur le plan intérieur et Bush, qui a misé sa présidence sur l'Irak, est discrédité dans une bonne partie du Moyen-Orient. «Est-ce que trois leaders faibles peuvent produire un accord de paix durable? Il y a de fortes chances que non», juge Crowley. • Steve Holland (Reuters)