Une équipe de médecins marocains a réussi un défi : une première intervention chirurgicale sur une femme souffrant de la maladie du Parkinson. Une première au Maroc et pas des moindres. Une équipe de médecins marocains, exerçant au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd de Casablanca, a effectué avec succès une intervention chirurgicale sur une femme souffrant de la maladie de Parkinson. «L'opération a duré un peu plus de douze heures. Elle a débuté à 8h et s'est terminée à 20h30. Elle consiste en l'implantation d'une ou deux électrodes dans une zone précise du cerveau, reliées par des câbles sous cutanés à un neurostimulateur électrique. Celui-ci émet des stimulations électriques qui réduisent les tremblements et autres symptômes de la maladie de Parkinson», déclare à ALM le Pr. Abdessamad El Azhari, chef de Service de neurologie au CHU de Casablanca. C'est lui qui a dirigé l'équipe pluridisciplinaire de l'opération : spécialistes en neurologie, neurochirurgie, radiologie et anesthésie réanimation. «L'opération a nécessité quatre équipes, en fait, et chacune comptait de trois à quatre médecins». Rachida, la patiente, était atteinte de la maladie de Parkinson depuis 13 ans et se trouvait dans un état grave. Après l'intervention, elle est parvenue à marcher normalement et à maîtriser ses mouvements. Elle peut enfin reprendre le cours d'une vie normale. «La patiente a dû payer 240.000 dirhams pour le matériel implantable, dont 41.000 dirhams de TVA, alors que normalement la majorité des implants sont exonérés de cette taxe. A l'étranger, ce genre d'opération coûte près de 400.000 dirhams comprenant les frais d'implantation et d'hospitalisation», précise le Pr. El Azhari. Cette opération a nécessité une préparation qui a duré quatre ans. Elle aurait pu être réalisée, depuis déjà deux ans, mais, faute de moyens, l'opération n'a pu être effectuée qu'au mois de septembre. «Pour mener à bien cette opération chirurgicale, nous avons été contraints d'emprunter le matériel de l'étranger. Cela dit, l'ex-ministre de la Santé , Mohamed Cheikh Biadillah, avait signé un accord pour l'acquisition du matériel nécessaire pour ce genre d'opération. Nous espérons acquérir cet équipement le plus tôt possible», avoue le Pr. El Azhari. Selon ce dernier, il y aurait plus de 50.000 personnes touchées par la maladie de Parkinson au Maroc. «Chaque année, on compte entre 2000 et 4000 cas dans notre pays. Face à l'urgence, nous avons pris la décision de créer une association qui ouvrira bientôt ses portes en vue d'appuyer les personnes atteintes de cette maladie», affirme-t-il . On estime, aujourd'hui, à 4 millions le nombre de personnes affectées par cette maladie dans le monde. Généralement, il s'agit des personnes âgées de 55 à 65 ans, mais 5 % à 10 % des patients sont plus jeunes : entre 30 et 55 ans.
Qu'est-ce que le Parkinson La maladie de Parkinson est une maladie neuro-dégénérative. Elle provoque des tremblements, une rigidité musculaire, des troubles de l'élocution et elle est parfois accompagnée de confusion mentale ou de démence. Elle est causée par une dégradation des neurones producteurs de dopamine. La dopamine est une substance neurotransmettrice c'est-à-dire qui transmet les signaux du cerveau du système nerveux qui entre en jeu dans les neurones responsables du contrôle des mouvements du corps. La maladie de Parkinson se caractérise par un déficit en dopamine dans le cerveau, ce qui se manifeste par des troubles moteurs. Comme beaucoup d'autres troubles neurologiques, la maladie de Parkinson est chronique, évolutive et pour le moment incurable. Classiquement, on décrit trois étapes évolutives de la maladie de Parkinson : la « lune de miel », qui est une période variant de 3 à 8 ans et qui se définit par une vie pratiquement normale. C'est une période de meilleure efficacité du traitement. Les classiques fluctuations qui affectent 60 % des patients après six ans d'évolution : akinésie et dyskinésies. La 3ème période, la plus handicapante, correspond à la perte d'efficacité de la L-Dopa.