Les pêcheurs ont repris, samedi dernier, leurs activités après quatre jours d'arrêt de travail, en solidarité avec les victimes du chalutier Tikrit. Les marins pêcheurs se disent solidaires avec les victimes du chalutier Tikrit. Ils ont arrêté de travailler dès l'annonce du drame qui a eu lieu, mardi 12 juin, à l'ouest du détroit de Gibraltar, lorsque le cargo Alexia battant pavillon panaméen a percuté, par derrière, le chalutier Tikrit qui avait à son bord neuf pêcheurs marocains. Le bilan est lourd : un mort, deux blessés et six portés disparus. Ainsi, sur les neuf membres de l'équipage du bateau de pêche, trois ont été violemment éjectés dans l'eau. Les deux rescapés, Raïss Hassan et Mohamed Benaïssa, ainsi que le corps de la troisième victime, Rachid Ouled El Hadj, ont été repêchés par deux chalutiers qui se trouvaient non loin du lieu de l'accident. Les six autres pêcheurs (Abderrahman Laghmich, Hassan Tribak, Abdelkrim Lahrach, Abdellatif Laâbid, El Houari Samar et Abdeslam Amhaouchdu) sont toujours portés disparus. Harrouch Hassan, dit Raïss Hassan, est l'un des survivants. Marié et père de quatre enfants, il est toujours sous le choc : « je n'arrive pas à surmonter ce terrible drame, la perte est énorme. Nous étions neuf, lorsque nous avons regagné, mardi dernier vers midi, le chalutier Tikrit », se souvient Raiss Hassan, et de poursuivre : «Nous sommes sortis comme à notre habitude pêcher l'espadon. Je me suis mis à mon poste de conducteur de bateau. Les pêcheurs étaient en train de faire une sieste avant de se mettre au travail. Quand j'ai entendu une voix venant d'un autre chalutier disant qu'un grand bateau allait entrer en collision avec un chalutier. Tout de suite après, il y a eu l'accident. Le choc a été si violent que le chalutier s'est renversé et a immédiatement coulé». Selon la plupart des pêcheurs, le chalutier Tikrit, de 11 mètres de long, ne pouvait pas résister à un grand bateau du calibre du porte-conteneurs panaméen de 243 mètres de long, c'est pourquoi il a coulé sur le champ au fond de la mer. Avisés, une vedette de la marine marchande et un patrouilleur de la marine royale ont été dépêchés sur les lieux de l'accident. Ils se sont lancés dans une longue opération de recherche pour retrouver les six pêcheurs portés disparus. Mais ces recherches ininterrompues et qui se poursuivent depuis le jour de l'accident n'ont pu jusqu'à maintenant retrouver aucun des disparus. Pour déterminer les responsables de cet accident, une commission d'enquête composée du ministère de l'Equipement et du Transport et du ministère de l'Agriculture a effectué, mercredi, une visite sur le cargo panaméen. Ils ont auditionné le capitaine, de nationalité croate, et les membres de son équipage. Selon ce qui a pu filtré de cette inspection, «aucune infraction n'a été constatée concernant l'équipement du cargo battant pavillon panaméen Alexia, appartenant à une compagnie maritime basée à Genève», rapporte une source proche du dossier. Soulignons que les pêcheurs et les armateurs du port de Tanger se sont montrés très solidaires avec les victimes du chalutier Tikrit. Ils ont ainsi observé des sit-in de protestation contre l'absence de mesures de sécurité au port de Tanger. «Nous sommes tous menacés de subir le même sort que les victimes de ce drame. Notre solidarité avec eux ne doit pas être momentanée. Nous devons penser à l'avenir de leurs familles. Nous devons discuter avec les autorités pour leur trouver une source de revenu permanente», confie Rédouane Ouardi, pêcheur au port de Tanger.