Annahj, parti de gauche radicale, veut instaurer le droit de diffamer. Cinq autres de ses militants ont été condamnés, à Ksar Lekbir, à trois ans de prison ferme pour atteinte au respect dû aux institutions de la nation. Le tribunal de première instance de Ksar Lekbir a condamné, à l'issue d'une séance de près de 16 heures, cinq militants d'Annahj Addimocrati et de l'AMDH à trois ans de prison ferme assortis d'une amende de 10.000 DH. Ces derniers, soutenus par une quinzaine d'avocats de divers barreaux, ont été condamnés pour atteinte au respect dû aux institutions sacrées de la nation en vertu de l'article 41 du code de la presse, mais aussi selon les dispositions de l'article 179 du code pénal. Selon des sources judiciaires à Ksar Lekbir, les cinq militants d'Annahj ont scandé, lors de la marche du 1er mai, des slogans "extrêmement injurieux" à l'égard de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en présence de témoins qui ont défilé devant les juges lors du procès. Les cinq prévenus se recrutent tous au sein d'Annahj Addimocrati et de l'AMDH et étaient soutenus, lors du procès, par Khadija Ryadi (présidente de ladite ONG) et son prédécesseur Abdelhamid Amine. Parmi eux figurent quatre diplômés chômeurs dont le président de l'Association nationale des diplômés au chômage en plus d'un salarié des collectivités locales. D'ailleurs, à l'issue de ce procès, l'AMDH a émis un communiqué où elle dit condamner les "sévères" verdicts contre les cinq prévenus et réaffirme son attachement à la "liberté d'expression". Une "revendication" que des sources judiciaires qualifient de "surréaliste". «Dans toutes les législations, la diffamation est sanctionnée alors qu'ici, on a franchi le pas pour s'attaquer de manière virulente et indécente la personne du Roi», réplique une source judiciaire qui affirme d'ailleurs que les militants d'Annahj Addimocrati (Voie démocratique d'Abdellah El Harrif) semblent s'être passé le mot pour scander de tels slogans injurieux dans plusieurs villes lors des marches du 1er mai. C'est le cas pour des villes comme Agadir, Chtouka-Aït Baha, Ksar Sghir, Biougra, Sefrou et Chaouen. Dans la majorité des cas, précisent les mêmes sources, les indélicats se recrutent au sein de l'AMDH, d'Annahj Addimocrati et de l'UMT. Cette dernière centrale syndicale avait d'ailleurs pris l'initiative de parrainer les associations locales des diplômés chômeurs dirigées par les camarades de Abdellah El Hourrif. Pourtant, tout avait été prévu pour éviter tout débordement ou dérive à Ksar Lekbir. Les autorités locales, comme à la veille de chaque 1er mai, ont tenu une réunion de coordination avec les syndicats et les associations pour arrêter le tracé de la marche et faire à éviter toute friction entre les participants. Elles avaient été surprises, le jour venu, par une partie des participants qui ont répété des slogans inacceptables ayant d'ailleurs suscité la désapprobation du reste des manifestants. Des sources judiciaires affirment que les magistrats, lors de divers récents procès, n'ont fait qu'appliquer la loi et que toutes les conditions d'un procès équitable étaient réunies. D'ailleurs, tiennent à préciser les mêmes sources, les procureurs du Roi avaient reçu des consignes strictes concernant ce genre d'affaires. Ils ont été appelés à n'engager de poursuites que sur la base de faits avérés et la présence de témoins à charge. Cela avait été le cas dernièrement malgré les protestations des ONG soutenant le "droit de diffamer". Ces dernières se sont d'ailleurs constituées en une organisation dénommée "Instance nationale pour la solidarité avec les détenus du 1er mai" qui tient une première réunion, ce jeudi, chez Annahj dans les locaux de l'AMDH à Rabat.